Culpabilité par association? L'arrestation de l'ami d'Assange , Ola Bini n'a aucun fondement

Ola Bini, expert en cyber-sécurité et en protection de la vie privée, a été arrêté en Équateur le jour même où l'Équateur a révoqué l'asile de Julian Assange. Un tribunal a maintenant confirmé sa détention provisoire, alors que ses parents et ses avocats ont déclaré que rien ne le justifiait.


GREG WILPERT: Ola Bini, un ami du fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, a été condamné à rester en prison jeudi dans le cadre de son appel à la libération d'une prison équatorienne. Bini, un expert en cyber-sécurité, est en prison depuis le jour où l’Équateur a révoqué l’asile de Julian Assange à l’ambassade de l’Équateur à Londres. Les procureurs ont vaguement accusé Bini d’avoir piraté les ordinateurs du gouvernement équatorien, mais n’ont porté aucune accusation précise contre lui. Un panel d'appel de la cour provinciale de Quito a décidé, après trois heures de délibérations, que le juge Bini devait rester en prison pendant que l'enquête se poursuivait. Les procureurs ont fait valoir que Bini représentait un risque de fuite et pouvait interférer dans l'enquête. Les avocats de Bini, Carlos Soria et Jose Charry Dávalos, ont réagi comme suit:

CARLOS SORIA, AVOCAT DE OLA BINI: C’est embarrassant, chers journalistes. Mon client, notre client, est une personne innocente qui a apporté une contribution au monde entier en matière de confidentialité des informations, et maintenant, parce qu'il est un ami de Julian Assange, ou qu'il voyage beaucoup ...

JOSE CHARRY DAVALOS, AVOCAT DE OLA BINI: Trois heures de délibérations et l'opinion majoritaire du tribunal ne pouvaient toujours pas nous dire quelles étaient les accusations ni comment les éléments de la détention étaient suffisants, justifiant simplement une prison préventive avec une jurisprudence supposée qui n'a jamais été nommée, des phrases supposées qui n'ont jamais été citées, et des règles juridiques supposées, qui n'ont également jamais été nommées, cela ne suffit pas.

SHARMINI PERIES C’est le réseau Real News. Je suis Sharmini Peries venant de Baltimore. Lorsque le gouvernement équatorien a révoqué l’asile de Julian Assange et l’a expulsé de l’ambassade à Londres le 11 avril, il a également arrêté un de ses amis, Ola Bini, qui vivait en Équateur. Il a été arrêté le même jour. Le gouvernement équatorien accuse Ola Bini, citoyen suédois, d’avoir aidé Assange à pirater les ordinateurs du gouvernement équatorien, y compris le téléphone du président Moreno. Les amis et la famille de Bini nient avec véhémence qu’il serait impliqué dans de telles activités, car il est un défenseur bien connu de la confidentialité numérique. Les parents d’Ola Bini, sa mère, Dag Gustafsson, et son père, Gorel Bini, m’accompagnent à présent de Quito, en Équateur, pour débattre de cette affaire. Je vous remercie beaucoup d'être avec nous aujourd'hui.

DAG GUSTAFSSON Merci d'être ici.

GOREL BINI Merci.

SHARMINI PERIES Tout d’abord, permettez-moi de commencer par vous dire à quel point je suis désolé de vous voir subir ces conditions horribles et terrifiantes lorsque votre fils est maintenu en détention de cette manière.

DAG GUSTAFSSON Merci.

GOREL BINI Merci.

SHARMINI PERIES D'accord. Dag, laissez-moi aller à vous d'abord ici. Le dernier tweet que nous ayons vu d’Ola indique qu’il allait partir pour aller au Japon pour s’entraîner. Il était excité. Il n'était jamais allé au Japon. Il faisait juste sa journée de travail normale et partait pour s’entraîner. Dites-nous ce qui lui est arrivé exactement.

DAG GUSTAFSSON Ce qui s'est exactement passé, c'est quand il est arrivé à l'aéroport et s'est présenté à la porte d'où il devait partir, il a été arrêté par la police. Ils l'ont pris à part et l'ont emmené.

SHARMINI PERIES l'a emmené. Quand as-tu découvert qu'il avait été arrêté? Et maintenant, vous vous trouvez à Quito, en Équateur. Comment avez-vous appris qu'il avait été arrêté?

DAG GUSTAFSSON Parce qu'Ola avait eu un peu de temps avant de prendre son téléphone pour envoyer des SMS à un couple de ses amis. Et très vite, ses amis ont annoncé qu'Ola avait été arrêté. Tard dans la soirée, jeudi soir, à la maison en Suède, l’ancienne épouse d’Ola nous a appelés et nous a raconté ce qui s’était passé. Nous avons donc su au bout de quelques heures ce qui s’était passé.

SHARMINI PERIES D'accord. Vous avez eu la chance de rendre visite à Ola. Savons-nous quelles accusations le gouvernement équatorien a portées contre lui? De quoi est-il accusé?

DAG GUSTAFSSON Non. Les informations que nous avons obtenues de son avocat sont très vagues. C’est une sorte d’intrusion dans les données, une sorte de piratage du téléphone du président, mais aucune accusation précise n’a été portée par le procureur. Donc, il ne sait pas quel crime il est supposé avoir commis, comment il aurait dû être, où et quand. C’est donc très vague.

SHARMINI PERIES Bien. Gorel, vous pouvez répondre à cela. Que savons-nous de la relation entre Ola et Assange? Travaillaient-ils ensemble? Quel est le rapport?

GOREL BINI Non, ils étaient amis. Juste amis.

SHARMINI PERIES D'accord. Et juste parce qu'il est son ami, il a été arrêté. Il doit y avoir une traînée d'activité menant à Ola. Savons-nous ou ont-ils mentionné que cela justifierait une arrestation de ce type?

GOREL BINI Non, ils ne l’ont pas mentionné du tout, je crois. Et juste être un ami à Assange ne devrait pas être un crime, je crois.

SHARMINI PERIES Ouais. Et que faisait Ola en Equateur? Il est citoyen suédois mais travaillait-il en Équateur?

GOREL BINI Oui. Il a vécu ici pendant six ans, je crois, et travaille. Il a commencé à travailler chez ThoughtWorks quand il est venu ici. Et puis, il avait commencé avec une organisation à but non lucratif appelée CAD, non? Il y a quelques mois, je crois?

DAG GUSTAFSSON Oui. Il a commencé cette année.

SHARMINI PERIES Parlez-nous de l'organisation qu'il a construite et des raisons pour lesquelles il devait être en Équateur pour effectuer ce travail.

DAG GUSTAFSSON Ouais. Il a commencé à mettre en place cette organisation sur la base de ses passions et des aspects numériques des droits de l’homme et de la liberté de parole sur Internet. Il est très actif dans ce domaine et c’est sa passion: améliorer le fonctionnement d’Internet pour des causes liées au respect de la vie privée, etc. Que nous, gens ordinaires, puissions parler, communiquer, avoir la liberté de parole sur Internet, sans risquer d’être entendus par des organisations et des gouvernements, etc. C'est donc essentiellement ce avec quoi cette organisation travaille.

SHARMINI PERIES D'accord. Ici à The Real News, nous avons interviewé Guillaume Long, ancien ministre des Affaires étrangères de l'Équateur, qui a déclaré croire que la vengeance du président Lénine Moreno était en partie motivée. Qu'il soit très mécontent que certains documents concernant sa situation financière personnelle, ses comptes, aient été divulgués et que des photographies du type de personnes avec qui il fréquentait soient publiées. Et tout cela l'a conduit à être publiquement embarrassé, ce qui a conduit à l'arrestation d'Ola Bini. Pensez-vous qu’il ya une vérité à cela?

DAG GUSTAFSSON Nous ne sommes pas si… nous ne savons pas grand-chose de la situation politique en Équateur et nous ne savons pas assez pour en dire vraiment quelque chose.

SHARMINI PERIES D'accord. Donc, en ce qui concerne le cas d’Ola ici, quelles sont les prochaines étapes? Qu'est-ce que tu attends? Vous attendez évidemment sa libération, mais quelles sont les conditions qu’ils lui imposent avant qu’il puisse être libéré?

DAG GUSTAFSSON La prochaine étape est maintenant le jeudi 2 mai, car il y aura une nouvelle audience. La première audience était - je ne connais pas le mot anglais, mais - son avocat l’a rejeté. Par conséquent, il y en a un nouveau qui se déroule actuellement le 2 mai. Nous espérons bien sûr que le juge tiendra compte de la preuve réelle. Les preuves dont ils disposent sont le livre de Noam Chomsky, deux clés USB et quelques ordinateurs. Il n’ya aucun témoin de crime en cours. Et comme je l’ai dit plus tôt, le crime qu’il était censé commettre n’a pas été précisé. Donc, il n'y a aucune raison légale pour Ola d'être en prison. Alors bien sûr, il devrait être libéré jeudi.

SHARMINI PERIES Et y a-t-il un message qu'Ola vous a demandé de communiquer avec le monde?

DAG GUSTAFSSON Oui. Je ne sais pas si j'ai les mots pour le moment, mais il a communiqué depuis la prison sur les médias sociaux à différents endroits. L'une avec le titre: «la chose la plus importante» et c'est quelque chose d'assez bon. Je pense que ce qu’il entend par là, c’est qu’il a eu un ami qui a dit un jour: que faites-vous en ce moment? Faites-vous la chose la plus importante que vous puissiez faire? Sinon, pourquoi ne faites-vous pas cela? Et c’est l’une des choses que Ola a vraiment introduites, la protection de la vie privée sur Internet, car il a réalisé avec ses compétences et ses aptitudes qu’il réalisait que c’était la chose la plus importante qu’il pouvait faire pour l’humanité.

GOREL BINI Et il a dit qu'il continuerait à le faire quand il sortirait.

DAG GUSTAFSSON Ouais.

SHARMINI PERIES D'accord. Je vous remercie beaucoup de vous être joint à nous aujourd'hui et de nous avoir laissé entrer dans la vie de Ola Bini et aussi ce que vous vivez là-bas. Je vous souhaite tout le meilleur pour essayer de le sortir de prison.

GOREL BINI Merci.

DAG GUSTAFSSON Merci.

SHARMINI PERIES Je discutais avec Dag Gustafsson et Gorel Bini, les parents d’Ola Bini, qui avait été arrêté il ya deux semaines en Équateur à la suite de la révocation de l’asile de Julian Assange à Londres. Je vous remercie tous de vous être joints à nous ici sur le réseau Real News.

https://therealnews.com/stories/guilt-by-association-arrest-of-assange-friend-has-no-basis