jeudi 14 juillet 2011

" Toxic Somalia : l’autre piraterie " par Paul Moreira

 

« Il y a deux types de pirates : ceux qui attaquent les navires et ceux qui vident nos mers du poisson et déversent des déchets toxiques ». Les propos d’Ali, membre du conseil d’Hobbyo, 
la « capitale de la piraterie » somalienne, en conclusion du documentaire de Paul Moreira, donne la clé du titre : Toxic Somalia : l’autre piraterie.

En 2005, quelques jours après le tsunami qui a ravagé les côtes thaïlandaises, les Somaliens, à l’autre extrémité de l’océan Indien, voient arriver d’étranges fûts sur leurs plages. Une organisation non gouvernementale locale donne l’alerte et signale des décès suspects et l’apparition de maladies inhabituelles parmi la population côtière dans les jours suivants. Ces fûts toxiques, -la suite des enquêtes le prouveront-, proviennent de stocks, largués au large de la Somalie, par des navires oeuvrant pour des pays occidentaux, majoritairement européens. ( ... )

L’assassinat d’Ilaria Alpi et Miran Hrovatin

Paul Moreira se trouvait en Italie en mars 1994 lorsque la nouvelle tombe : la journaliste italienne Ilaria Alpi et le cameraman Miran Hrovatin ont été tués à Mogadiscio, lors de l’attaque de leur véhicule. Tous deux travaillaient pour TG3, une chaîne de la RAI. L’émotion est vive. On apprend assez vite qu’Ilaria enquêtait sur un trafic d’armes entre l’Italie et la Somalie. Son assassinat interviendrait après un « entretien de trop », avec un chef milicien, à Bossasso, une ville portuaire sur la mer Rouge. ( ... )

Le journaliste français n’oublie pas les causes de la mort d’Ilaria ni l’enquête que mènent ses collègues de la RAI ou Panorama et Famiglia Cristiana, dans les années suivantes. Ceux-ci découvrent que non seulement il y a trafic d’armes, mais aussi trafic de déchets toxiques. Les bateaux de la société italienne SHIFCO (Somali High Sea Shipping Company) que mentionne Ilaria dans son dernier entretien enregistré à Bossasso, fournit en armes les miliciens de Ali Mahdi, qui « paie » les livraisons en acceptant d’enfouir les déchets le long de la côte somalienne.

Dans Toxic Somalia, Paul Moreira s’intéresse à la SHIFCO, aux ramifications internationales apparemment bien protégées, et à un réseau plus restreint constitué d’escrocs et d'aventuriers, plutôt maladroits, pris la main dans le sac et condamnés pour des faits autres que le trafic de déchets.

La justice italienne n’ira pas jusqu’au procès du réseau de la SHIFCO sur lesquels les policiers ont enquêté de 1997 à 2000 avant finalement de renoncer en raison de la mise en danger d’un agent « infiltré ». Mais les journalistes italiens, qui ont grandement participé au documentaire de Paul Moreira, en viennent à trouver étrange que l’Etat italien se dessaisisse aussi facilement chaque fois que la question des déchets industriels est mise sur le tapis. Dans le cas de la SHIFCO, la piste envoie à la fois vers la Ndrangheta calabraise et les Etats-Unis.

« Le problème des déchets en Italie paraît tellement insoluble que le fait d’aller déverser des déchets toxiques en Afrique semble arranger tout le monde », constate Paul Moreira.

R.F.I.



Toxic Somalia: l'autre piraterie. (docu.) par stranglerman

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