dimanche 30 avril 2017

" Etude IRSN de 2007 sur le coût des accidents nucléaires "


La simple multiplication de ce coût unitaire par le nombre de réfugiés radiologiques conduit alors à un coût d'environ 45 milliards d'euros. C'est là un montant considérable, qui approche le montant annuel de l'impôt sur le revenu. On est donc fondé à objecter que de tels montants seront très difficiles à mobiliser pour indemniser les évacués. Peut-on pour autant supposer que les évacuations seront beaucoup moins nombreuses ? Peut-on supposer que les autorités françaises autorisent le séjour sur de tels territoires alors que les autorités biélorusses l'interdisent ? 



III. L'ACCIDENT MAJORANT

III.1. DESCRIPTION DU SCENARIO

L'accident majorant pris en compte ici est du type S1. Par simplification, le scénario considère la dispersion en deux heures d'un tiers de l'inventaire du coeur, ce qui est le bon ordre de grandeur pour le césium, contributeur prépondérant des coûts. (...)

Le logiciel calcule qu'il faudrait évacuer en moyenne 2,6 millions de personnes qui peuplent une zone  de 25 000 km2, si l'on considère les niveaux d'intervention associés à la mise en œuvre de mesures de protection en vigueur. (...)

III. 3 . COÛT RADIOLOGIQUES HORS SITE

les rejets radioactifs hors du site sont considérables.

III 3 . 1 . MESURES D'URGENCE

L'étendue des mesures d'urgence est important pour l'accident majorant. Le tableau A4.3.2 présente les mesures calculées par le code Cosyma à partir des niveaux d'intervention en vigueur :




Des mesures d'une telle ampleur sont irréalisable, d'autant plus que les rejets surviennent brutalement et sont entièrement effectués en 2 heures. Le coût des mesures d'urgence peut alors être estimé comme ce coût avec mesure " optimales " ( 2,1 milliards d'euros ), augmenté d'un coût dû à l'impossibilité de réaliser les mesures optimales.

Estimer l'ordre de grandeur de ce dernier coût présente une difficulté : un scénario réaliste devrait décrire des mesures d'urgence prises assez loin du site pour que les responsables disposent d'un temps de réponse raisonnable, mais le code Cosyma ne permet de calculer que des mesures prises autour du site. (...)

Néanmoins, ces mesures ne peuvent pas réduire l'impact sanitaire de l'accident aussi efficacement que les mesures optimales : elles impliquent quelques 10 000 cancers supplémentaires (résultat probabiliste moyen calculé par Cosyma avec les hypothèses ci-dessus). Le surcoût dû à l'impossibilité de mettre en œuvre les mesures d'urgence "optimales" (selon les normes radiologiques) est ici d'environ 7 milliards d'euros : + 9 milliards de coûts sanitaires - 2 milliards économisés sur les évacuations. (...)

III.3.2. EVACUATIONS SANS RETOUR

Il existe un exemple récent d'une telle évacuation définitive : le cyclone Katrina. les autorités américaines ont indiqué avoir dépensé, pour reloger les victimes ayant tout perdu, une somme de 24 000 $ par personne durant les 12 mois suivant la catastrophe. Sur la base de ce chiffre tronqué à 12 mois, l'ensemble des coûts sociaux de réinstallation pourrait être de l'ordre de 30 000 €/personne.

La simple multiplication de ce coût unitaire par le nombre de réfugiés radiologiques conduit alors à un coût d'environ 45 milliards d'euros. C'est là un montant considérable, qui approche le montant annuel de l'impôt sur le revenu. On est donc fondé à objecter que de tels montants seront très difficiles à mobiliser pour indemniser les évacués. Peut-on pour autant supposer que les évacuations seront beaucoup moins nombreuses ? Peut-on supposer que les autorités françaises autorisent le séjour sur de tels territoires alors que les autorités biélorusses l'interdisent ? (...)

L'ampleur de la question des territoires contaminés apparaît en pleine lumière. De même que les 55 milliards d'euros des évacuations elles-mêmes ne sont pas nécessairement versés aux victimes, les 135 milliards d'euros que représente ici la perte des zones d'exclusion ne sont pas nécessairement déboursés. Ils évaluent seulement le coût social pour les victimes concernées. (...)


IV.2.3. CAS DEFAVORABLE

Les conditions météorologiques très défavorables font que la contamination est beaucoup plus étendue que dans le scénario de base. Les zones d'exclusion sont 3,5 fois plus étendues et les autres surfaces contaminées sont multipliées par 17. Le coût des zones d'exclusion est donc multiplié par 3,5  ainsi que le coût de l'évacuation et de la réinstallation des victimes. Le coût de la contamination est multiplié par 17. En réalité, plus les surfaces contaminées sont étendues, plus la probabilité de toucher une zone urbaine est grande. Par conséquent les évacuations proposées, hors zones urbaines, sont d'autant plus sous-estimées. Le cout total de la contamination approche alors 5 000 milliards d'euros...

Ce coût social astronomique est dû au grand nombre de victimes. En appliquant aux surfaces calculées par le code les densités de population rurales autour de Dampierre, on évalue à plus de 5 millions le nombre de réfugiés des zones d'exclusion, à environ 2,5 millions les personnes en zones fortement contaminées et à 90 millions les personnes habitant des zones moins fortement contaminées. Ces chiffres indicatifs du scénario du pire montrent qu'un bon nombre de victimes seraient situées hors de France. (...)



http://www.irsn.fr/FR/Actualites_presse/Actualites/Documents/IRSN_Etude-2007-Cout-Accident.pdf


L'IRSN a récemment avancé que le coût médian pourrait être de l'ordre de 120 à 430 milliards d'euros selon que les rejets radioactifs seraient retardés et filtrés, limitant ainsi les conséquences radiologiques, ou bien immédiats et non contrôlés, avec des fuites directes vers l’environnement. Cette approche avait déjà été utilisée en 2007, avec la différence tout à fait importante que les accidents considérés à l'époque étaient choisis pour encadrer la problématique, avec un scénario minorant et un scénario majorant. L'estimation 2007 de 760 milliards d'euros pour le scénario majorant est cohérente avec l'estimation 2012 de 430 milliards d'euros pour un accident majeur représentatif, et non plus pour le plus extrême des accidents majeurs (par ailleurs le moins probable).

À l'occasion de l'étude de sensibilité de l'estimation de 760 milliards d'euros pour le scénario  majorant, le rapport de 2007 citait une valeur extrême, issue d'une modélisation rudimentaire, de 5800 milliards d'euros. Les travaux récents de l'IRSN ne confirment pas cette estimation extrême.



http://www.irsn.fr/FR/Actualites_presse/Actualites/Pages/20130326_Etude-IRSN-2007-cout-accidents-nucleaires.aspx


Quelle est la différence entre un optimiste et un pessimiste ?

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