Bob Morane cultive aussi un certain nombre d'amitiés féminines. Les plus importantes sont celles qu'il entretient avec la journaliste au Chronicle de Londres Sophia Paramount, avec Tania Orloff, nièce de l'Ombre Jaune, ainsi qu'avec la mystérieuse et capiteuse Miss Ylang-Ylang, cheftaine omnipotente de la terrible Organisation Smog.
Si la totalité de ces relations sont tendres ou condescendantes (d'où son irrépressible habitude d'appeler toutes les jeunes filles qu'il rencontre « petite fille ») et toujours intégralement chastes, elles laissent deviner le goût de Morane pour le sexe féminin. Le grand amour romantique de sa vie est Tania Orloff, la nièce de l’Ombre Jaune, qui fait d’eux une sorte de couple à la Roméo et Juliette à jamais séparé par l’oncle de cette dernière auquel tous deux sont opposés, mais que la nièce respecte.
Bob Morane est le héros d'une série de romans créée en décembre 1953 par le romancier belge Henri Vernes pour la collection de poche « Marabout Junior » publiée par l'éditeur verviétois André Gérard. Ces romans furent par la suite adaptés en bandes dessinées.
Conçu au départ comme une sorte d'aventurier mi-justicier, mi-« barbouze », le personnage évolue au cours de son demi-siècle d'existence pour se trouver impliqué dans des aventures de plus en plus complexes. Aux voyages exotiques, auxquels se mêlent espionnage et aventures classiques, viennent se greffer très tôt des thèmes de science-fiction sous l’influence d'un ami intime de l'auteur, Bernard Heuvelmans, le père de la cryptozoologie. (...)
Français au visage osseux, aux cheveux coupés en brosse et aux yeux gris, à la carrure athlétique, né un 16 octobre comme Henri Vernes, Morane est éternellement âgé de trente-trois ans. Orphelin de père et de mère, il a été élevé en Bretagne par une vieille tante. Il est un héros de la bataille d'Angleterre, pilote de Spitfire et ancien Flying Commander — un grade imaginaire — de la RAF. (...)
Polytechnicien, ingénieur et officier en disponibilité de l'armée de l'air française, il est nyctalope. Sa curiosité et son sens de la justice lui font parcourir le monde. Reporter-photographe occasionnel au magazine Reflets, il connaît énormément de langues ; ainsi que diverses techniques de combat en corps à corps : savate, karaté, judo, jiu-jitsu.
Expert dans le maniement d'un grand nombre d'armes il possède tout au moins un lourd Colt automatique, un Luger et un revolver. Il a noué des relations dans différents services secrets : aux États-Unis, avec le chef de la CIA Herbert Gains ; avec Sir Archibald Baywater de Scotland Yard en Grande-Bretagne ; avec le lieutenant Gros-Jean à la Police montée canadienne ; avec le colonel Jouvert au 5e Bureau de France ; et avec Sheela Khan, chef de la police de Calcutta et des services secrets en Inde. (...)
Malgré son énergie et son goût de l'aventure, Bob Morane connaît parfois des moments d'embarras ou d'incertitude, qui le poussent irrésistiblement à se passer la main dans ses cheveux en brosse. Il aime également faire alterner les périodes d'intense activité et de flemmardise, qu'il passe en pantoufles à lire dans son appartement du quai Voltaire à Paris, au milieu de ses collections d'objets rares ou curieux, souvenirs d'anciennes aventures.
Bob Morane cultive aussi un certain nombre d'amitiés féminines. Les plus importantes sont celles qu'il entretient avec la journaliste au Chronicle de Londres Sophia Paramount, avec Tania Orloff, nièce de l'Ombre Jaune, ainsi qu'avec la mystérieuse et capiteuse Miss Ylang-Ylang, cheftaine omnipotente de la terrible Organisation Smog.
Si la totalité de ces relations sont tendres ou condescendantes (d'où son irrépressible habitude d'appeler toutes les jeunes filles qu'il rencontre « petite fille ») et toujours intégralement chastes, elles laissent deviner le goût de Morane pour le sexe féminin. Le grand amour romantique de sa vie est Tania Orloff, la nièce de l’Ombre Jaune, qui fait d’eux une sorte de couple à la Roméo et Juliette à jamais séparé par l’oncle de cette dernière auquel tous deux sont opposés, mais que la nièce respecte. (...)
Ballantine, William (dit Bill)
Écossais descendant direct du Clan des McGuiliguidy, roux de 2 mètres et de 34 ans, aux mains grosses comme des roues de brouettes, aux poings de la taille d'une tête d'enfant, il est doté d'une force colossale. Patriote, il boit volontiers du whisky (Zat 77 de préférence).
Superstitieux, il possède un château ancestral et un élevage de poulets en Écosse mais celui-ci ne l'occupe que partiellement car il est le compagnon numéro 1 de Morane. Il ponctue ses phrases d'argot et surnomme son illustre compagnon « Commandant » en référence aux états de service de Bob Morane dans la RAF durant la Seconde Guerre mondiale. Morane le rectifie avec une note d’humour par un : « Tu sais bien que la guerre est finie et que je ne commande plus rien du tout », phrase à laquelle Bill Ballantine répond invariablement par : « Je sais, Commandant ». (...)
Miss Ylang-Ylang est décrite par Henri Vernes comme une femme « au visage à l'ovale et aux traits parfaits, qu'éclairaient de longs yeux bridés d'eurasienne. Leur fixité indiquaient une volonté de fer, et aussi de la cruauté. Le nez était fin, délicatement ouvré, et la bouche d'un dessin parfaitement achevé. La matité crémeuse de la peau était encore mise en valeur par les cheveux noirs et brillants, ramenés en arrière et noués en chignon sur la nuque. Elle portait un ensemble de soie noire, pantalon et blouse à la chinoise ajustés.
Des sandales dorées la chaussaient. Dans la main droite, elle tenait une paire de longs gants de fine peau, noire également, dont elle s'éventait négligemment, car la chaleur des torches ajoutait encore à la moiteur oppressante de la nuit tropicale. Dans la nouvelle venue, les deux captifs avaient reconnu aussitôt Miss Ylang-Ylang, le chef incontesté de l'organisation Smog. Personne, sauf elle peut-être, ne connaissait son véritable nom et on l'avait surnommée ainsi à cause de son parfum favori, dont elle usait souvent sans modération. » (...)
elle est décrite comme « une femme dont la beauté était à la fois si parfaite et si inquiétante que, quand on l'avait vue une fois, il devait être difficile de l'oublier. Un visage étroit et triangulaire, aux pommettes hautes, à la peau couleur d'ambre doré et mangé par des yeux un peu bridés d'Eurasienne. Des yeux qui n'en finissaient plus et dont les prunelles semblaient avoir été taillées dans des diaments noirs. (...) C'était la captivante, la redoutable, l'énigmatique Miss Ylang-Ylang. » (...)
Elle est le chef du SMOG, une organisation internationale de mercenaires et de bandits.
Miss Ylang-Ylang est fascinée par le commandant Morane, ce qui lui vaudra quelques ennuis avec un des méchants de la série, Roman Orgonetz, entré au service du SMOG. Cependant, il s'opposera résolument à sa patronne, car il tient à éliminer Bob Morane, perspective à laquelle Miss Ylang-Ylang ne se résoudra jamais.
Réciproquement, Bob Morane est secrètement attiré, si ce n'est amoureux, de la belle Eurasienne. (...)
Sophia Paramount est un personnage de fiction de l'univers de Bob Morane dont elle est une amie et une alliée dans la lutte contre L'Ombre jaune. Journaliste au Chronicle de Londres, elle apparaît pour la première fois dans le roman Service-Secret-Soucoupe.
Dans L'Archipel de la terreur, sa passion pour Bob Morane est on ne peut plus explicite. Le roman se termine en effet sur l'expression du désir de Sophia : « Ce que j'aimerais, c'est passer un mignon bikini ou un micro-short, et aller m'attabler en votre compagnie au bord de la mer, tout en écoutant de la musique douce ». (...)
Tatyana (dite Tania) Orloff un personnage de fiction apparaissant dans Bob Morane. Elle est la nièce de l'Ombre jaune, alias Monsieur Ming, un des plus dangereux ennemis du héros. Tania Orloff est une eurasienne d'une beauté sage, au caractère sans reliefs.
Elle est très vaguement associée aux activités louches de son oncle. Il y a entre cette enfant unique de la sœur de Monsieur Ming et Bob Morane un amour platonique, les deux êtres étant en fait trop semblables. Avec ce que certaines critiques féministes considèrent comme un paternalisme condescendant, Bob Morane la surnomme « petite fille », comme il appelle du reste toutes les jeunes femmes qui traversent ses aventures. Les défauts de Tania Orloff résident dans ses qualités ; elle pourrait être une sœur pour Bob, elle n'a pas le charisme de Miss Ylang-Ylang, la seule femme qui subjuguera vraiment Bob Morane.
Tania Orloff trouve toujours le moyen, au moment le plus catastrophique, de sauver Morane des griffes de l'Ombre jaune sans que ce dernier ne sache que sa nièce joue double jeu. Leurs rencontres sont toujours très furtives, sauf dans Le Châtiment de l'Ombre jaune où elle devient « les yeux » de Bob Morane.
L'amour entre Tania et Bob est un amour que l'on pourrait qualifier d'avorté. Le vrai rôle d'amoureuse sera dévolu plus tard à Miss Ylang Ylang, qui, elle-aussi, n'hésite pas à contrecarrer ses propres plans pour sauver Bob Morane. Plus femme que « petite fille », Miss Ylang Ylang n'hésite pas, de plus, à faire preuve d'une certaine jalousie face aux autres amitiés féminines de son ennemi favori.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bob_Morane
Bob Morane a 100 ans ! par François-Xavier Lavenne
Henri Vernes a 100 ans, mais son œuvre est à jamais associée à la jeunesse. La série des Bob Morane brosse, en creux, un portrait de l’évolution des goûts et des aspirations des adolescents des années 50, 60 et 70, une génération à laquelle Bob Morane a fait découvrir à la fois le monde et le plaisir de la lecture. Avec un héros pilote d’avion et grand reporter pour le magazine Reflet, les premiers Bob Morane s’inscrivent dans la veine des aventures exotiques.
De la Papouasie à l’Égypte, des jungles brésiliennes aux savanes du Centre-Afrique, des Antilles à l’Arabie ou au Pôle Nord, sans oublier l’Asie qui, de l’Inde à la Chine, nourrit l’imaginaire d’Henri Vernes et son goût pour le mystère, les aventures de Bob Morane offraient la clef du monde à des lecteurs en quête d’évasion, à une époque – les années 50 – où le tourisme n’avait pas encore rendu les contrées lointaines accessibles au plus grand nombre. L’aventurier solitaire réalisait les rêves d’une jeunesse qui voulait tourner la page de la guerre et voyait s’ouvrir devant elle une ère nouvelle, celle des trente glorieuses.
Bob Morane apparaît comme un citoyen du monde. Le héros de la Seconde Guerre mondiale a quitté l’armée, le commandant ne veut plus commander à d’autres hommes ni servir l’intérêt d’un pays particulier. Il cherche à servir son éthique personnelle, celle qui l’entraîne dans l’aventure et que l’aventure – c’est-à-dire la connaissance de la vie dans ses situations les plus extrêmes – forge en lui.
Cette éthique le pousse à mettre sa vie sans cesse en jeu pour venir en aide aux gens dont il croise la route. Dans ses pérégrinations autour du monde, sa boussole est aimantée par la haine de l’injustice, l’amour de la liberté et une curiosité maladive. Bob Morane revendique ainsi sa filiation avec les chevaliers errants, redresseurs de torts et tueurs de dragons, défenseurs de la veuve et de l’orphelin – même si, dans le cas du grand séducteur qu’est Bob Morane, il s’agit généralement d’orphelines.
Bob ne se contente toutefois pas d’être un homme d’action, il répond à l’idéal humaniste d’un homme universel chez qui le développement du corps est mis au service de l’esprit. Ainsi, ne manque-t-il jamais d’aller prendre conseil chez des savants avant de se lancer dans une aventure et saisit-il toujours l’occasion de les escorter dans leurs missions scientifiques périlleuses.
L’archéologie lui donne en particulier l’occasion de méditer sur la mort et la destinée. Son intérêt pour les cultures les plus diverses et les plus éloignées le conduit à développer une vision du monde qui n’est plus centrée sur l’Occident. Dès sa première aventure,La vallée infernale (1953), Bob Morane se montre opposé au colonialisme et exècre le sentiment de supériorité des Occidentaux vis-à-vis de ceux qu’ils considèrent comme des sauvages. L’aventurier est, au contraire, sensible à la sagesse des peuples dits « primitifs » et se prend souvent à rêver d’abandonner la civilisation pour mener, au fond de la jungle ou sur une île déserte, une vie plus proche de la nature.
Bob Morane est en effet un écologiste dans l’âme à une époque où l’écologie n’était pas au centre des préoccupations. L’exploitation aveugle des ressources naturelles et le massacre des espèces animales font partie des reproches que cet amoureux des grands espaces et de la vie sous toutes ses formes, surtout les plus sauvages, fait au monde moderne.
Le héros d’Henri Vernes se montre cependant contradictoire devant la modernité. Bob Morane est en effet un ingénieur, curieux des dernières découvertes et n’hésitant jamais à piloter des engins futuristes, mais il est aussi un observateur critique vis-à-vis du progrès et de la confiance aveugle dans la technique qui constitue, pour lui, une idolâtrie moderne.
Le danger d’une science qui devient l’instrument des fantasmes de toute-puissance des hommes vis-à-vis de la nature et de la vie est un des fils conducteurs de la série. Bien longtemps avant Jurassic Park, Henri Vernes imagine les ravages que pourrait engendrer le clonage d’une espèce disparue – en l’occurrence le mammouth (Les géants de la Taïga, 1958).
Les buts du professeur Illevitch sont certes nobles – résoudre le problème de la famine –, mais sa tentative de violer les lois du Temps ne peut qu’entraîner la catastrophe. Si les utopistes peuvent se révéler de redoutables apprentis sorciers, Morane croise le plus souvent sur sa route des savants fous qui cherchent dans la science le moyen d’assouvir leur mégalomanie.
Dans Les faiseurs de déserts, Henri Vernes anticipe les débats autour des OGM et l’angoisse d’une guerre bactériologique. Le « cycle du temps » amplifiera ces craintes. Bob Morane y est en effet plongé dans une dystopie qui montre la manière dont les hommes se sont laissés réduire au rang d’esclaves par les ordinateurs censés les servir (Les bulles de l’Ombre Jaune, 1970).
Il choisit alors de ne pas respecter pas les lois de la Patrouille du Temps, qui prescrivent de ne pas intervenir dans le déroulement de l’Histoire, détruit le monstre informatique et libère le peuple des enfants de la Rose, qui constitue l’utopie d’une humanité qui, débarrassée de ses démons, retrouverait l’innocence des origines.
Le paradoxe est que Bob Morane se rapproche par sa critique du monde moderne de son ennemi le plus redoutable, Monsieur Ming alias l’Ombre Jaune. Bob se surprend en effet à être en accord avec certaines de ses critiques de la société occidentale, mais ne peut accepter ses procédés terroristes. Il relève l’hypocrisie de Ming qui retourne le Progrès contre lui-même et se sert des technologies les plus avancées pour faire revenir les hommes à un mode de vie passé.
Il n’est pas de grande série sans un méchant charismatique qui fasse le contrepoids du héros. Avec l’Ombre jaune, Bob Morane trouve un méchant idéal, dont le retour sans fin est expliqué par un duplicateur qui le rend, en quelque sorte, immortel. Dès son apparition, Ming est habité d’un fantasme divin.
Il veut être le maître du Destin, incarner la Fatalité pour ses victimes à qui il fait répéter comme un crédo : « L’Ombre Jaune est la vie, mais il est aussi la Mort… il peut sauver l’humanité, mais il peut aussi la détruire ». Il est le double inversé du héros. Face à la mesure incarnée par Bob, il est l’incarnation de l’ubris.Il est le rêve de la surhumanité quand Bob tente de défendre l’humain dans sa fragilité.
Le succès de la série des Bob Morane, qui s’étend sur plus de quatre décennies, s’explique par son extrême diversité et sa capacité à se renouveler. Le lecteur de Bob Morane ne s’étonne pas de passer, d’un roman à l’autre, d’une jungle africaine à un château du Moyen-Âge, d’une aventure parfaitement réaliste à des univers étranges, du polar à la science-fiction ou au grand cycle de fantasy d’Ananké. La série offre ainsi un panorama de tous les genres possibles de la littérature populaire et de jeunesse. Elle semble inviter les lecteurs adolescents à élargir sans cesse l’horizon de leurs lectures.
En dessous de cette diversité, l’unité de la série réside dans cette éthique proposée aux jeunes lecteurs. La soif d’aventure est, pour Morane, une injonction morale. L’aventure est un état d’esprit avant d’être une performance physique. Elle est l’expression de la jeunesse, d’une jeunesse qui résiste et n’a rien à voir avec l’âge, mais est une disposition de l’âme.
Vivre en aventurier, c’est vivre à l’affût, refuser tout ce qui pourrait rendre l’homme blasé, ne pas se résigner devant la fatalité, se forcer à choisir, en toutes circonstances, l’espoir et l’enthousiasme, tout en gardant à l’esprit que l’homme n’est in fine pas le maître de son destin et doit rester modeste face au monde. L’aventure apparaît alors comme l’hommage que l’homme rend à la Vie, à une volonté de vivre qui résiste en lui jusque dans la dernière des extrémités.
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