jeudi 24 juin 2010

" Pourquoi l'avenir n'a pas besoin de nous ". Par Bill Joy



Nos techniques les plus puissantes du 21ème siècle - la robotique, le génie génétique et les nanotechnologies - menacent de faire de l'homme une espèce en dange


Par Bill Joy, co-fondateur et Directeur Scientifique de Sun Microsystems, et coauteur de La Spécification du Langage Java.

" Admettons d'abord que les informaticiens réussissent à développer des machines intelligentes qui peuvent tout faire mieux que les humains. Dans ce cas tout le travail sera vraisemblablement fait par d'énormes systèmes fortement organisés de machines et aucun effort humain ne sera nécessaire. Deux cas seulement pourraient se produire. On pourrait permettre aux machines de prendre toutes leurs décisions sans intervention humaine, ou bien le contrôle humain des machines pourrait être conservé. ( ... )

Bien sûr, la vie sera à ce point sans but que les gens devront être biologiquement ou psychologiquement modifiés soit pour supprimer leur pulsion de dominance ou pour leur faire "sublimer" leur pulsion de dominance dans un passe-temps inoffensif. Ces êtres humains modifiés peuvent être heureux dans une telle société, mais ils ne seront très certainement pas libres. Ils auront été réduits au statut d'animaux domestiques. "

Dans le livre, on ne découvre qu'en tournant la page que l'auteur de ce passage est Théodore Kaczynski - Unabomber. Je ne suis aucunement un apologiste de Kaczynski. Ses bombes ont tué trois personnes pendant une campagne de terreur de 17 ans et ont blessé plusieurs autres. Une de ses bombes a gravement blessé mon ami David Gelernter, un des informaticiens les plus brillants et les plus visionnaires de notre temps. Comme beaucoup de mes collègues, j'ai senti que j'aurais facilement pu être la cible suivante d' Unabomber.

Les actions de Kaczynski étaient meurtrières et, à mon avis, d'un fou criminel. Il est clairement un Luddite, mais se limiter à cette affirmation n'écarte pas son argument; aussi difficile qu'il soit pour moi de le reconnaître, il y a un certain mérite dans le raisonnement de ce passage. Je me suis senti contraint d'y faire face. ( ... )

Habitués à vivre avec des percées scientifiques presque de routine, il nous reste à nous habituer au fait que les techniques les plus captivantes du 21ème siècle - la robotique, le génie génétique et les nanotechnologies - posent une menace différente de celle des techniques qui sont apparues auparavant. Spécifiquement, les robots, les organismes génétiquement modifiés et les nanorobots partagent un facteur d'amplification dangereux : Ils peuvent s'auto-reproduire. Une bombe explose seulement une fois - mais un robot peut en devenir plusieurs et on peut en perdre rapidement le contrôle. ( ... )

Les techniques du 21ème siècle - génétique, nanotechnologie et robotique (GNR) - sont si puissantes qu'elles peuvent couvrir des nouvelles classes entières d'accidents et d'abus. D'une façon particulièrement dangereuse, pour la première fois, ces accidents et abus sont largement à la portée d'individus ou de petits groupes. Ils n'exigeront pas de grands équipements ou des matières premières rares. Le savoir seul suffira à leur utilisation. ( ... )

Étant donné le pouvoir incroyable de ces nouvelles techniques, ne devrions nous pas demander comment nous pouvons au mieux coexister avec elles ? Et si notre propre extinction est un résultat probable, ou même possible, de notre développement technique, ne devrions nous pas procéder avec beaucoup de précautions ? ( ... )

Pourquoi l'avenir n'a pas besoin de nous.

piecesetmaindoeuvre

dimanche 20 juin 2010

La fabrication du Consentement par Noam Chomsky



Diane Arbus


Le parti des travailleurs socialistes, lui, n’a rien d’illégal, mais il ne représente aucun puissant intérêt. Il n’y eut donc aucun scandale lorsque fut rendu public, au moment même où les passions atteignaient leur zénith au sujet du Watergate, que le FBI en avait pendant plus de dix ans entravé les activités au moyen de descentes illégales et autres mesures du même ordre, une violation des principes démocratiques bien plus étendue et grave que tout ce qui fut évoqué au cours des auditions du Watergate.

Le gigantesque scandale du Watergate, tel qu’il fut décrit dans la presse à grand tirage, tenait dans le fait que l’administration Nixon avait envoyé un ramassis de petites frappes pénétrer par effraction, pour des raisons demeurées obscures, dans le bâtiment du quartier général du parti démocrate. Ce parti représente de puissants intérêts nationaux, solidement ancrés dans le monde des affaires. L’attitude de Nixon était donc vraiment scandaleuse. 

Le parti des travailleurs socialistes, lui, n’a rien d’illégal, mais il ne représente aucun puissant intérêt. Il n’y eut donc aucun scandale lorsque fut rendu public, au moment même où les passions atteignaient leur zénith au sujet du Watergate, que le FBI en avait pendant plus de dix ans entravé les activités au moyen de descentes illégales et autres mesures du même ordre, une violation des principes démocratiques bien plus étendue et grave que tout ce qui fut évoqué au cours des auditions du Watergate.

En outre, ces actions de la police politique nationale n’étaient qu’un aspect parmi d’autres de programmes gouvernementaux impliquant de nombreuses administrations et qui visaient à mettre à bas toute action politique indépendante, à provoquer une montée de la violence dans les ghettos et à saper des mouvements populaires qui étaient en train de politiser des pans généralement marginalisés de la population.

Ces programmes secrets, parfaitement illégaux, furent mis à jour, entre autre devant des tribunaux, pendant la période du Watergate, mais ils ne furent jamais abordés lorsque le Congrès instruisit l’impeachment [de Nixon] et reçurent peu d’attention médiatique. Même la complicité reconnue du FBI dans l’assassinat d’un leader des Black Panthers par la police de Chicago n’était pas un scandale, contrastant avec la « liste noire » de Nixon, sur laquelle figuraient des personnes puissantes qui furent dénigrées en privé mais sans conséquences. ( ... )

Les scandales de l’Irangate et leur traduction médiatique nous enseignent exactement la même chose. Ce fut un scandale épouvantable lorsqu’on s’aperçut que l’administration Reagan avait violé les prérogatives du Sénat lors de l’Irangate ; mais pas un scandale du tout lorsqu’elle traita par le mépris l’arrêt de la Cour internationale de justice condamnant les États-Unis, en raison de l’attaque contre le Nicaragua, pour « usage illégal de la force » et violation de traités – c’est-à-dire pour violation de la Constitution américaine et du droit international.

Le soutien et le financement d’un terrorisme d’État qui fit près de deux cent mille morts en Amérique centrale dans les années 1980 ne firent l’objet d’aucune enquête du Congrès et laissèrent les médias parfaitement indifférents. Ces actions étaient menées en accord avec un consensus des élites et purent bénéficier du soutien inconditionnel des médias, ainsi que nous avons pu le constater en étudiant le sort des victimes dignes ou indignes d’intérêt, ou le traitement médiatique des élections dans les États clients et les autres . ( ... )

http://inventin.lautre.net/livres/Chomsky-Fabrication-du-Consentement.pdf




La fabrication du Consentement par Noam Chomsky



Prenez le sport - c’est un autre exemple crucial, selon moi, du système d’endoctrinement. Cela permet aux gens de prêter une grande attention à des choses de peu d’importance. C’est une manière de les tenir à distance des choses qui sont comptent pour leurs existences, et qu’ils pourraient avoir envie de vouloir changer.

Et il est frappant de voir l’intelligence qui est mobilisée par des gens ordinaires dans les discussions sur le sport, alors qu’ils n’utilisent pas ces mêmes capacités pour ce qui concerne la réflexion politique et sociale. Si vous écoutez les interventions des auditeurs dans les émissions sportives à la radio, ils vont entrer dans les analyses les plus inouïes, disséquer les subtilités les plus ésotériques. Et la presse exploite indéniablement de telles propensions.

Je me rappelle, au collège, je me suis demandé soudain : « Pourquoi ça m’importe que notre équipe gagne ? Je ne connais personne de l’équipe. Ils n’ont rien à voir avec moi. Pourquoi je supporte cette équipe ? Pourquoi j’applaudis ? Cela ne veut rien dire, cela n’a aucun sens. »

Mais en fait cela a un un sens. C’est une façon de créer des attitudes irrationnelles de soumission à l’autorité. De créer un esprit de cohésion de groupe derrière des leaders. Cela entraîne la population à être exploitée par le moyen du chauvinisme. C’est une caractéristique que l’on retrouve dans tous les sports de compétition. En examinant ces choses de près, on réalise qu’elles remplissent des fonctions et c’est pourquoi tant d’énergie est investie pour les promouvoir, leur donner des assises, etc.

http://chomsky.fr

Entre silence et hostilité : les médias « accueillent » Chomsky à Paris

mardi 18 mai 2010

PowerPoint, menace intérieure



le général de brigade MacMaster, qui avait banni PowerPoint de ses présentations lorsqu’il dirigeait en 2005 la sécurisation de Tal Afar au nord de l’Irak, a ajouté que PowerPoint était une menace intérieure. “C’est dangereux parce que cela crée l’illusion de la compréhension et l’illusion du contrôle”, a-t-il précisé à la journaliste.

L’été dernier, commence par raconter Elizabeth Bumiller, à Kaboul, pendant un briefing, on a présenté au Général Stanley MacChrystal, qui dirige les forces américaines et de l’OTAN à Kaboul, une slide censée représenter toute la complexité de la stratégie militaire américaine. Et ce schéma ressemblait à un plat de spaghettis. “Quand on aurons compris cette slide, fit remarquer le général MacChrystal, nous aurons gagné la guerre” ce qui fit éclater la salle de rire. Depuis, le schéma a fait le tour du web. Comme un insurgé, explique la journaliste, PowerPoint s’est infiltré dans la vie quotidienne des hauts gradés au point de devenir une quasi-obsession. ( ... )

le général de brigade MacMaster, qui avait banni PowerPoint de ses présentations lorsqu’il dirigeait en 2005 la sécurisation de Tal Afar au nord de l’Irak, a ajouté que PowerPoint était une menace intérieure. “C’est dangereux parce que cela crée l’illusion de la compréhension et l’illusion du contrôle”, a-t-il précisé à la journaliste. ( ... )


La conclusion du papier du New York Times est terrible. Les officiers, explique Elizabeth Bumiller, disent que PowerPoint est parfaitement adapté quand le but du briefing est de ne pas donner d’information, comme dans le cas des réunions qui sont organisées pour les journalistes. Ces réunions durent 25 min, avec 5 min à la fin pour les questions de ceux qui ne se sont pas endormis entre temps. Ces présentations PowerPoint sont connues pour leur aptitude à, selon les mots d’un interviewé, “hypnotiser les poules”. ( ... )


InternetActu

samedi 15 mai 2010

Qui veut de la post-démocratie ? par Anne-Marie Le Pourhiet


Le contenu de la Constitution est à l'image de son processus d'élaboration. Il ne consacre aucune démocratie véritable et se borne à enkyster ce qu'a toujours été l'Europe communautaire : une collection d'aristocraties échappant au contrôle populaire. 


L'initiative législative - la conduite de la politique de l'UE - reste entre les mains d'une Commission dont on persiste à célébrer l'indépendance, comme si le fait d'échapper à l'influence d'instances démocratiques était une qualité politique.

Le titre consacré à "la vie démocratique de l'Union" (on n'a pas osé écrire la démocratie tout court) n'arrive qu'en cinquième position dans le texte et prête franchement à sourire. Il oppose clairement et dangereusement la démocratie "représentative" à une prétendue démocratie "participative" consistant (article 47) en "un dialogue ouvert, transparent et régulier avec les associations représentatives et la société civile". Voilà ce qu'on appelle abusivement "démocratie": du lobbying institutionnalisé et une tentative de substituer une "société civile" éclatée, composée de groupes de pression et d'intérêts minoritaires, aux nations et aux peuples. ( … )

Tout, absolument tout, est susceptible d'être décidé au niveau européen ; rien ne peut réellement échapper à l'extension tentaculaire de cette organisation dont le seul contrôle réside dans une Cour européenne dont les décisions sont sans appel. Jamais le gouvernement fédéral américain n'a pu s'emparer d'autant de pouvoirs au détriment de l'autonomie des Etats, alors qu'il est, lui, parfaitement démocratique.

Ainsi, alors que la Charte des droits fondamentaux n'est évidemment pas encore adoptée, des juges européens se sont déjà fait fort de l'appliquer en se moquant délibérément des ratifications référendaires ou parlementaires à venir. Ce mépris inouï de la démocratie est d'autant plus provocant que l'on se pique de donner des leçons aux Etats candidats en les soumettant à d'humiliants examens de passage. A quoi sert-il d'élire démocratiquement un parlement national dont la tâche ne se borne plus qu'à transposer les directives élaborées par des instances oligarchiques ? ( … )


Fort hostile au régime représentatif, Jean-Jacques Rousseau estimait que le peuple anglais n'était libre qu'au moment de l'élection des députés et redevenait esclave aussitôt. Il ajoutait sévèrement : "Dans les rares moments de sa liberté, l'usage qu'il en fait mérite bien qu'il la perde." ( … )

Qui veut de la post-démocratie ?, par Anne-Marie Le Pourhiet

jeudi 29 avril 2010

" Les pirates du vivant " documentaire de Marie-Monique Robin




Larry M. Proctor est un type futé. C’est par son entreprise de semences, Pod Ners, qu’il découvrit en 1994 au Mexique un haricot jaune très apprécié au Colorado. Il l’acheta, le planta dans son village, prétendit que c’était le produit de croisements spéciaux et lui donna le nom de son épouse, Enola. Le 15 octobre 1996, Proctor demanda à ce que soit breveté l’Enola beans (le haricot Enola, en anglais ça fait mieux !). Il fut donc enregistré aux Etats-Unis le 13 avril 1999. Personne ne s’avisa du processus opaque. Le haricot, avec tout son matériel génétique, était désormais propriété de Proctor. Son numéro de brevet, le 5.894.079, lui donnait des droits dessus pendant 20 ans.

Quelques années après, les entreprises mexicaines commencèrent à exporter aux Etats-Unis ce même haricot, à la différence que les Mexicains l’appelaient souffré ou mayocoba. Proctor exigea d’eux 0,6 dollars (0,38 €) pour chaque livre importée. C’était trop. Il coula les importations et garda le marché.

La biopiraterie, terme désignant le fait pour des entreprises de s’approprier cultures et remèdes utilisés depuis des siècles par les agriculteurs, fonctionne ainsi. Le problème n’est pas nouveau mais s’accroît. Les médicaments, en majorité, proviennent de plantes. Les firmes pharmaceutiques envoient donc leurs chercheurs dans de lointaines forêts à la recherche de remèdes à breveter. L’un des cas les plus connus est celui de la Rose Periwinkle de Madagascar, dont la multinationale Eli Lilly a tiré un médicament contre la leucémie, le vinchristine, qui lui rapporte des bénéfices particulièrement appréciables. ( ... )

Le cas devint emblématique et le bureau des brevets conclut que le haricot breveté était en réalité « une variété du haricot commun de la campagne Phaseolus vulgaris ». La décision de justice de 48 pages affirme que Proctor acheta au Mexique un paquet de graines déshydratées en 1994, qu’il les planta dans le Comté de Montrose et les laissa polliniser. Il obtint ainsi une couleur jaune uniforme et unique. Cette décision de justice présente une analyse au détail près de la génétique de la plante, de sa couleur, de sa forme, et conclut que si différence il y a, elles sont dues à des variations normales de culture liées au changement de sol et de climat, mais que cela n’implique pas que ce soit une nouvelle variété. ( ... )

Contre Info

jeudi 22 avril 2010

Epuisement des ressources naturelles


Les réserves de charbon n'ont pas augmenté malgré un prix qui a doublé entre 1999 et 2005, comme le voudrait une théorie économique simpliste selon laquelle "les réserves augmentent avec les prix". Au contraire, les réserves "prouvées" de charbon ont diminué de 14 % en tonnage. Les réserves réelles sont sans doute bien inférieures. Par exemple, sans aucune découverte nouvelle et malgré une production très importante, les réserves n'ont pas été ajustées depuis 1996 en Russie et depuis 1990 en Chine.


Le casse-tête des ressources naturelles

Uranium et métaux

La lutte contre l’effet de serre et la soif d’énergie chinoise réhabilitent le nucléaire et perturbent les marchés. L’uranium a même atteint en juillet dernier 90 dollars le kilo, dix fois plus qu’il y a quelques années. Pénurie ? « Pas à court terme », affirme Michel Cathelineau. En effet, à l’échelle d’une vingtaine d’années, les gisements actuels devraient suffire. « En outre, la hausse des cours favorise la reprise de l’exploration. » Au pire, il restera l’océan, qui en contient énormément, mais à petites doses : trois microgrammes par litre, à comparer avec les 10 % de teneur des minerais exploités les plus riches ! « C’est faisable, mais très coûteux en énergie. Le prix de revient serait de 500 à 1 000 dollars le kilo. »
L’économie du fer répond aux mêmes canons que celle du pétrole et de l’uranium : on tire profit des gisements à haute teneur, et la hausse des cours ouvrira des perspectives d’extraction de sites moins riches. « Sans oublier que si le prix augmente trop, on recycle », note Michel Cathelineau. Quant au cuivre et à l’or, entre autres, il resterait d’immenses gisements à découvrir.

Le journal du CNRS

Brusque fin du charbon en 2075 ou 2048 ?

Les réserves prouvées de charbon sont passées de 227 à 144 années de production entre 1999 et 2005. Le charbon aura-t-il une fin brusque dès 2048, selon la tendance actuelle d'augmentation de la production, ou seulement en 2075 selon une progression plus faible de celle-ci ?

Le charbon n'en a pas pour deux siècles, comme on l'entend souvent dire, mais pour beaucoup moins longtemps. En six ans, entre 1999 et 2005, les réserves prouvées de charbon ont diminué de 14 %. Exprimé en années de production, ces réserves sont passées de 227 à 144 ans, soit une diminution de durée de 83 ans (- 36 %) en six ans.

Les réserves de charbon n'ont pas augmenté malgré un prix qui a doublé entre 1999 et 2005, comme le voudrait une théorie économique simpliste selon laquelle "les réserves augmentent avec les prix". Au contraire, les réserves "prouvées" de charbon ont diminué de 14 % en tonnage. Les réserves réelles sont sans doute bien inférieures. Par exemple, sans aucune découverte nouvelle et malgré une production très importante, les réserves n'ont pas été ajustées depuis 1996 en Russie et depuis 1990 en Chine.

En réalité, la production de charbon passera par un maximum vers 2030, avec une production proche de 8.000 millions de tonnes par an, puis entrera en déclin. Comme pour le pétrole et le "peak oil", la production charbonnière passera par son "peak coal".

futura 24

Epuisement des mines: aux sources du mythe

Une exploration limitée

D’où viennent alors ces prévisions d’un appauvrissement du sous-sol? En partie de la façon dont opèrent les groupes miniers. «Ces réserves alarmistes que l’on brandit si facilement reflètent en réalité les limites des mesures effectuées par les compagnies minières, c’est-à-dire des sommes qu’elles y consacrent», poursuit le géologue qui travaille depuis trente ans dans le secteur.

Or c’est précisément là que cela coince. Cotées en bourse, ces sociétés n’ont aucun intérêt à dépenser des dizaines ou centaines de millions de dollars en forages et études géologiques, simplement pour prouver l’existence de réserves plus profondes, moins accessibles, qui seront extraites dans plusieurs décennies.

Surtout, la thèse du «peak minerals», brandie dès les années soixante-dix, a connu des heures moins riches. Ainsi, dès 1969, l’US Geological Survey (USGS) annonçait que 80 millions de tonnes de réserves de zinc étaient disponibles dans le sous-sol d’une planète en utilisant alors 5 millions de tonnes par an. Calcul rapide: il n’y en avait plus que pour seize ans. Les pouvoirs publics de nombreux pays débloquèrent alors des budgets pour favoriser l’exploration: leurs bureaux géologiques – USGS, BRGM français – multiplièrent les campagnes. Les compagnies minières suivirent. Résultat, en 1981, les réserves apparaissent trois fois plus importantes: la planète disposait soudain d’une marge de 40 ans de zinc et de 72 ans de cuivre…

LE TEMPS Mardi 21 juillet 2009

Epuisement des ressources naturelles

Quelques éléments dont la fin de vie serait programmée à court terme et entrant dans la composition des équipements informatiques et les installations connexes (classés par date de disparition estimée) [3] :
[3] Source USGS (Service Géologique des Etats Unis)
( ... )
l’argent (Ar) : épuisement prévu entre 2021 et 2037. Il est utilisé dans l’industrie (électricité, électronique, brasures, soudures et autres alliages : 41%).
( ... )
l’or (Au) : les gisements exploitables à un coût admissible seront épuisés en 2025 ; utilisé dans l’électronique au niveau des contacts pour ses propriétés de conductivité, d’inaltérabilité, d’inoxydabilité et sa finesse.

le zinc (Zn) : les gisements exploitables à un coût admissible seront épuisés en 2025 ; utilisé dans l’électronique comme par exemple dans la fabrication des « magnetic random access memory » (MRAM).
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le plomb (Pb) : les gisements exploitables à un coût admissible seront épuisés en 2030 ; 71% de la production sert dans le fonctionnement des batteries.

le cuivre (Cu) : les gisements exploitables à un coût admissible seront épuisés en 2039 ; avec 55% d’utilisation, il est essentiellement mis en œuvre dans l’industrie électrique (câbles, bobinages).

l’uranium (U) : fin probable estimée dans une fourchette allant de 2025 à 2060 ; essentiel à notre production électrique, ce qui doit nous inciter encore plus à modérer notre consommation par tous les moyens possibles. Selon "Uranium Resources and Nuclear Energy" du Energy Watch Group (2006-12), une pénurie d’uranium pourrait se produire dès 2015.

le nickel (Ni) : les gisements exploitables à un coût admissible seront épuisés en 2048 : utilisé dans les batteries (piles bouton pour BIOS, batteries d’ordinateurs portables)

le pétrole : les gisements exploitables à un coût admissible seront épuisés en 2050 ; le pétrole entre dans la fabrication des plastiques utilisés dans les équipements informatiques. En outre, il entre dans le cycle de vie du produit, de sa fabrication à son recyclage

le platine (Pt) : les gisements exploitables à un coût admissible seront épuisés en 2064 ; utilisé dans les industries électroniques et électriques

eco-info (CNRS)



La production de pétrole conventionnel a atteint son « pic historique » en 2006, elle ne le redépassera « jamais » dit l' Agence Internationale de l' Energie 

Près de 30 % de la production des puits aujourd’hui en activité aura disparu dans 10 ans, passant de 68 à 48 millions de barils par jour (mb/j) en 2020. Et dans une génération, en 2035, les champs de pétrole actuellement exploités ne fourniront plus que 17 mb/j, soit moins d’un cinquième de la demande future, d’après le graphe reproduit ci-dessous, issu du rapport annuel que vient de rendre public l’Agence internationale de l’énergie (AIE). ( ... )

Oil Man

L' A.I.E et le pic pétrolier



« Nous n’avons pas mis fin à la croissance, la nature va s’en 

charger », par Dennis Meadows

«Le scénario de l’effondrement l’emporte»



Dans les vingt prochaines années, entre aujourd'hui et 2030, vous verrez plus de changements qu'il n'y en a eu depuis un siècle, dans les domaines de la politique, de l'environnement, de l'économie, la technique. Les troubles de la zone euro ne représentent qu'une petite part de ce que nous allons voir. Et ces changements ne se feront pas de manière pacifique.


« Nous n’avons pas mis fin à la croissance, la nature va s’en charger », par Dennis Meadows




dimanche 11 avril 2010

"Déstabiliser la personnalité des dissidents : les Zersetzungsmassnahmen de la Stasi "


D'autres mesures pouvaient être plus raffinées encore, celles du cambriolage qui ne laisse pas de traces : un premier cambriolage sans effraction, portait, par exemple, sur des objets intimes comme les gants de toilette ; un deuxième, trois mois plus tard, sur les torchons à imprimé écossais ; un troisième, sur des taies d'oreiller. Un quatrième cambriolage aurait été, selon la Stasi, inutile, la personnalité des occupants de l'appartement cambriolé ayant été atteinte au point de les rendre totalement inoffensifs : ne sachant d'où viennent les coups, passant pour fou auprès de son entourage, le couple ainsi visé dans la part la plus intime de son intimité, l'intimité corporelle, serait bel et bien devenu paranoïaque, but de la Stasi. 

En quarante ans, l'officier de la Stasi a, lui aussi, évolué. Il ne pouvait se contenter d'être seulement brutal. Dès lors que la violence devait perdre de sa visibilité et que les sanctions « douces » (mises à l'écart, mises au placard, harcèlement administratif, etc.) s'étaient substituées à la répression classique, il lui fallait perfectionner ses méthodes, devenir plus discret et plus efficace à la fois. En 1951 avait été créée, à Potsdam-Eiche, la « juristische Hochschule », école supérieure de droit. Sous ce nom anodin se cachait l'école des cadres de la Stasi. En 1965, cette dernière deviendra ni plus ni moins et tout aussi officiellement « établissement universitaire » et, en 1968, on introduira des cours de psychologie (dite « marxiste-léniniste ») pour apprendre « la psyché de l'ennemi ». L'enseignement devient pluridisciplinaire, on y enseigne la sociologie et la communication de masse, les techniques d'influence, on y apprend à évaluer les personnalités (pratique de tests), à conduire des entretiens, et aussi ces fameuses Zersetzungsmassnahmen, ou mesures visant à déstabiliser/détruire la personnalité. 

Au nombre de ces mesures, les rumeurs que l'on fait courir sur le dissident selon lesquelles, par exemple, il serait un informateur de la Stasi, provoquant ainsi sans explication son isolement et sa mise à l'écart par son entourage ; ou encore, sur des pratiques sexuelles particulières ; ou enfin, dans le milieu universitaire, la rumeur, très efficace, qui se chuchote de bouche à oreilles et se répand avec une facilité inquiétante, concernant une « baisse de niveau » de l'intellectuel dont les idées critiques seraient parvenues à la Stasi, ou bien qui aurait été dénoncé comme esprit critique par l'un de ses collègues pour de simples raisons de rivalité. 

D'autres mesures pouvaient être plus raffinées encore, celles du cambriolage qui ne laisse pas de traces : un premier cambriolage sans effraction, portait, par exemple, sur des objets intimes comme les gants de toilette ; un deuxième, trois mois plus tard, sur les torchons à imprimé écossais ; un troisième, sur des taies d'oreiller. Un quatrième cambriolage aurait été, selon la Stasi, inutile, la personnalité des occupants de l'appartement cambriolé ayant été atteinte au point de les rendre totalement inoffensifs : ne sachant d'où viennent les coups, passant pour fou auprès de son entourage, le couple ainsi visé dans la part la plus intime de son intimité, l'intimité corporelle, serait bel et bien devenu paranoïaque, but de la Stasi. Variante « douce » de la psychiatrisation des dissidents en URSS, les Zersetzungsmassnahmen correspondent à la forme la plus achevée de l'oeuvre criminelle de la Stasi.( ... )

conflits.revues.org
Quelle est la différence entre un optimiste et un pessimiste ?

L'optimiste pense que l'on vit dans le meilleur des mondes possibles.
Le pessimiste pense que malheureusement c'est vrai.