jeudi 25 avril 2019

« Lettre à André Breton » par Antoine de Saint-Exupéry ( 1941 )



Mon cher ami,

Ma lettre sera un peu sèche. C’est que j’ai le goût de la clarté. L’effort me paraît inutile qui consiste à composer des phrases d’autant plus fleuries qu’on les escompte plus agressives. 

Le jeu des allusions souterraines m’ennuie, autant que m’ennuie d’ailleurs, à l’autre extrême, le bruit redondant des injures. Je n’éprouve l’envie ni de blesser, ni d’injurier, ni d’insinuer.

Mais votre position inattendue de juge m’oblige, bien malgré moi, de vous répondre sur le terrain choisi par vous. Et dans le ton choisi par vous. J’estime d’ailleurs dénué de tout intérêt, mais infiniment aisé de confronter mes textes aux vôtres, mes souhaits aux vôtres, mon action passée à la vôtre.

Je tiens cependant à vous dire, avant d’ouvrir ce concours ridicule, que l’introduction de ces grands thèmes à propos d’un dîner manqué me paraît quelque peu saugrenue. « Les principes qui vous gouvernent » ont joué par trop à retardement. Vous avez interrompu d’aimables relations, et une discussion d’ordre domestique, pour demander à brûle-pourpoint quelque chose comme « Que faisiez-vous le 17 juin 1907. » Il était temps de vous en aviser !

Mais, puisque des problèmes de protocole vous font soudainement vous inquiéter de ma position religieuse, sociale, politique et philosophique, j’accepte de vous informer.

Ma position vis-à-vis du nazisme a été telle que, au cours de la guerre, j’ai fait casser trois mutations successives qui tendaient à sauver ma précieuse personne, dont une au cours même de l’offensive allemande, alors qu’il ne rentrait qu’une mission sur trois et que, dans mon idée, je ne pouvais pas espérer survivre deux jours. Je suis étranger à la chance qui me vaut le privilège d’être critiqué.

J’imagine bien que les signataires de manifestes vous paraissent d’une audace autrement vigoureuses. Mais, personnellement, je ne vois pas en quoi un chapelet d’injures adressées à des malheureux, qui crèvent de faim sous le plus abominable des chantages, changera rien du sort du monde. Je ne vois pas de quel courage un homme fait preuve en cédant au conformisme local le plus orthodoxe. Le courage est de mon côté. Je me fous totalement de ces exercices oratoires qui assurent une audience facile. Les bénéfices sont de votre côté.

Donc, d’abord, je me suis battu. La résistance anti-naziste reposait essentiellement, selon moi, non sur les manifestes (ceux que nous déversions sur l’Allemagne, en mission de guerre, nous paraissaient ridicules et puérils) mais :

- sur l’armement des Français ;
- sur l’union des Français ;
- sur l’esprit de sacrifice des Français.

J’ai toujours été cohérent avec mes principes, de même que ces principes étaient cohérents avec les intérêts généraux qu’ils prétendaient servir. Ainsi j’ai fait la guerre moi-même. Ainsi j’ai toujours cherché moi-même, dans la mesure de mon simple pouvoir, à réaliser cette union. J’en apporte comme preuve l’exemple même des journalistes que vous citez et qui, bien que de partis divers, étaient reçus à ma table. Mon Groupe Aérien de même a uni à la même table des camarades de droite et des camarades de gauche, des camarades croyants et des camarades incroyants. Tous sont morts très proprement par esprit de résistance au Nazisme. Vous auriez fait pendre les trois quarts d’entre eux. Cela est exact. Cela leur aurait, en tout cas, évité de griller vifs. Il est exact, croyez-le bien, que je recevrai toute ma vie, à ma table, les survivants du Groupe 2/33, de quelque parti qu’ils se réclament. (...)

Je prétends que, d’abord, vous ne prétendiez pas lutter contre la menace naziste. Car alors vous auriez trahi. Il est d’une évidence éclatante que votre action eût pu être souhaitée par Goebbels lui-même. Il est hors de doute que, si une telle action était encore en son pouvoir, il subventionnerait aux États-Unis la transposition intégrale des textes politiques et sociaux de vos Revues Surréalistes. J’ai un ami qui détient ici toute la collection. Adaptez-les au goût américain, faites-les traduire et cherchez-leur un éditeur !

Si je fais l’examen impartial de ces textes (en particulier des feuilles roses si instructives) pour m’éclairer sur vos mystérieux points de vue, je constate que la seule doctrine explicitable qu’ils recoupent en permanence est celle de l’Anarchisme type Catalan. Quand les formules vagues se condensent, par miracle, en principes d’action, ceux-ci trouvent dans l’Anarchie seule leur commune mesure. Je ne porte aucun Extrait de la publication Lettre à André Breton jugement sur votre idéologie de libertaire, mais je constate que c’est là-dessus et là-dessus seulement que vous vous êtes jamais clairement engagé. Je tiens ce travail d’archives à votre disposition en vingt-quatre heures. (...)

La croisade que vous prêchez ne peut, en fait, servir qu’André Breton, et l’habiller à peu de frais, d’un uniforme de Conformiste. Ainsi le Naziste et le Démocrate pourraient se prétendre d’accord s’ils bornent leurs échanges de points de vue à la lutte contre l’alcoolisme. Il reste que, à lire les textes que vous écriviez lorsque vous étiez libre, vous attaqueriez tout aussi aisément l’Angleterre, dans les principes mêmes de sa résistance. Il vous est impossible de nier une telle évidence. Je comprends bien votre passion anti-Vichy. Si Vichy n’existait pas, comment feriez-vous pour « prendre position » sans vous contredire ?

Il est dommage que vous ne vous soyez jamais trouvé face au problème de la mort consentie. Vous auriez constaté que l’homme a besoin alors, non de haine, mais de ferveur. On ne meurt pas « contre », on meurt « pour ». Or vous avez usé votre vie à démanteler tout ce dont l’homme pouvait se réclamer pour accepter la mort. Non seulement vous avez lutté contre les armements, l’union, l’esprit de sacrifice, mais vous avez lutté encore contre la liberté de penser autrement que vous, la fraternité qui domine les opinions particulières, la morale usuelle, l’idée religieuse, l’idée de Patrie, l’idée de Famille, de maison, et plus généralement toute idée fondant un Être, quel qu’il soit, dont l’homme se puisse réclamer. Vous êtes partisan fanatique de la destruction absolue de tous ces ensembles. Vous êtes sans doute anti-naziste, mais au titre même où vous êtes anti-chrétien. Et vous êtes moins attaché à lutter contre le Nazisme que vous ne vous êtes acharné à ruiner les faibles remparts qui s’opposaient encore à lui.

Je regrette ce ton qui m’est inhabituel. Je respecte toujours la pensée d’autrui. J’essaie toujours, non de l’observer de mon point de vue, mais d’accéder, pour la comprendre, au point de vue dont elle se réclame. J’ai toujours fait cet effort en votre faveur même, et, bien que je pense rarement comme vous, vous m’avez toujours vu essayer non de vous juger, mais de vous entendre. La démarche opposée me paraît définir à peu près la position du Nazisme lui-même vis-à-vis de la pensée. La liberté de penser me paraît formule vide de sens si elle impose le Conformisme intellectuel et spirituel. La liberté de penser comme André Breton ne me suffit pas. (...)

Vous êtes exclusivement défenseur de la liberté d’André Breton. Vous êtes l’homme des excommunications, des exclusives, des orthodoxies absolues, des procès de tendance, des jugements définitifs portés sur l’homme à l’occasion d’une phrase de hasard, d’un pas, d’un geste. Si vous n’êtes pas l’homme des Bastilles, c’est faute de pouvoir. Mais dans la mesure où votre faible pouvoir peut s’exercer, vous êtes l’homme des camps de concentration spirituels. Votre châtiment ne dispose comme arme que du manifeste, mais vous en usez contre quiconque ne pense pas absolument comme vous. Il est exact que vous ayez pris position. Vous avez pris position, résolument, pour André Breton. Ici encore vos feuilles roses sont étonnantes. On croirait revivre les audiences de la Très Sainte Inquisition. Vous êtes étonnamment à l’aise dans l’atroce tactique des interrogatoires. Vous jouez avec une joie sourde de l’étonnant matériel verbal des conseils de guerre. Souvenez-vous du malheureux de vos amis qui laissa un jour tomber trois mots absolument quelconques sur Chiappe [4]. Quelle séance solennelle vous avez ouverte à ce propos ! 

Que vos greffiers ont bien dressé leur compte rendu ! Que vos policiers ont bien abruti ce malheureux ! Votre assemblée de tortionnaires, heureusement pour lui sans pouvoir réel, l’a décortiqué jusqu’à la racine. La Très Sainte Inquisition ne connaissait pas la psychanalyse. Cette ignorance la faisait plus timide que vous, plus respectueuse des énoncés d’un homme. Cette arme-là ne chôme pas entre vos mains. Elle vous permet, si l’homme répond « oui », de lui démontrer qu’il a dit « non ». Il est plus admirable encore que vous ayez réinventé le sacrilège ! L’homme a prononcé « ces mots-là » ! Ces mots-là « en soi » sont un crime.

 J’imagine qu’au XIIIème siècle la malheureuse qui, ayant trop bu, avait osé dire « Vive le Diable » avait bien du mal à se justifier devant ses juges. Mais quiconque, dans l’entourage d’André Breton, a pu faire une timide réserve sur le diable doit renoncer à tout espoir. Cela est absolument cohérent avec l’anarchie. Chaque individu représente un Dieu et un Juge. J’ai vécu un mois parmi eux en reportage à Barcelone [5]. Ils se fusillaient chaque jour entre eux au nom d’une liberté qui n’était pour chacun que la liberté de soi-même. La liberté du voisin niant la sienne, chacun était en droit d’assassiner son voisin, religieusement, au nom même de la liberté.

Vos malheureux camarades n’ont pas été pendus par les soins de votre bourreau. Car vous n’aviez point de bourreau. La Très Sainte Inquisition ne grillait pas non plus elle-même. Elle livrait au bras séculier. Ah! mon pauvre ami, je préférerais me faire trappiste plutôt que de vivre trente heures dans la société coranique [6] que vous prétendez nous préparer, où l’homme n’est plus jugé sur sa qualité d’Être mais sur son formulaire, où les Manifestes tiennent lieu de cœur, où les voisins de palier s’érigent en dénonciateurs et en juges, où rien n’est respecté de la patrie intérieure, où vous prétendez clarifier et assainir l’individu en le violant en permanence selon toutes les techniques connues de vous, dans le but d’étaler sa tripaille au soleil dans une sorte de foire aux puces universelles. 

Jeu de la vérité, psychanalyse, écriture automatique, professions de foi incessantes (qui dira l’ignominie des Manifestes !), mises en demeure policières d’avoir à exhiber, en permanence, le patrimoine le plus intime tous vos efforts, tous vos jeux, toute votre philosophie recoupent la même rage dévastatrice. Ce ne sont pas les hommes de chez vous que j’irais choisir pour vivre un naufrage, une exploration, un deuil, un repas d’amis. Que peut bien signifier, chez vous, le mot « accueillir » ? La liberté  ? Pauvre Breton, vous la haïssez chez les autres.

Il est certain que la liberté qui m’est chère n’a aucun rapport avec la vôtre. Dans le domaine du sentiment elle est pudeur et droit au silence sur ce qui me touche. Elle a droit au respect d’autrui. Dans le domaine de la pensée elle est droit accordé à chacun de choisir pour vérité sa propre synthèse des matériaux communs, de choisir ses propres concepts directeurs, en un mot d’énoncer librement l’univers. Ainsi Einstein reprend les décimales connues de Newton et renverse le système newtonien, pour monter l’édifice, cohérent aussi, mais plus vaste de la relativité. Ma liberté m’oblige de respecter André Breton quand il fait d’un litige droite-gauche l’axe essentiel des problèmes du monde. 

Je ne « condamne » pas André Breton. Mais l’exercice de cette même liberté m’autorise à penser que le camarade « de droite » qui non seulement eût signé un Manifeste contre le Nazisme, mais a revendiqué le droit de mourir contre le Nazisme et, de plus, est mort est plus proche de moi que tel homme de gauche qui s’est soigneusement mis à l’abri. J’ai le droit, au nom de ma liberté de penser, de choisir tel autre axe qui m’éclaire mieux la réalité que je prétends lire. 

Votre liberté de penser, André Breton, s’accorde fort bien de la photographie publiée par vous « Benjamin Péret insultant un prêtre [7] ». On pouvait voir ainsi, dans les hebdomadaires nazistes, des photographies de S.A. insultant des juifs. Cette photographie de Péret n’est pas seule preuve d’un irrespect profond et absolu de l’homme quand cet homme n’est pas votre partisan. Je ne retrouverai que dans les ordures anti-juives d’Allemagne des actions du type du papier où, à la suite d’un différend anodin avec cette pauvre nouille de M.A., vous annoncez au monde, et à sa fiancée éventuelle, qu’il a été surpris par l’un des vôtres au cours d’un traitement pour maladie vénérienne. J’ai le droit de vous sommer, lorsque vous prenez position à propos du respect de l’homme, de m’éclairer ici sur un comportement qui recoupe d’abord les principes nazistes.

Votre liberté de penser, André Breton, s’accommodait fort bien du scandale dans une salle de théâtre et de l’interruption d’une pièce quand l’auteur ne vous plaisait pas. Elle se fût accommodée de saccages de librairies. Tout le monde ne dispose pas d’une armée suffisante pour incendier la bibliothèque d’Alexandrie.

Tant que votre liberté de penser n’engagera votre liberté qu’à propos de la liberté de penser d’André Breton, elle m’apparaîtra comme formule creuse.
Aucun de vos « intérêts généraux » n’est aujourd’hui énonçable, aucun des principes qui s’en déduisent ne l’est. Vous ne pouvez vous habiller qu’en écrivant « contre » quelque chose. « Pour » qui, ou « pour » quoi êtes-vous ? Vous « êtes » pour André Breton résolument et exclusivement.

Et moi je veux bien considérer André Breton comme une manifestation de la vie, mais non comme un pape. Vous êtes, comme tous, sujet aux erreurs. Comme tous, vous ignorez beaucoup de choses. Vous êtes un poète, mais vous n’êtes pas un sociologue. Vous parlez à chaque occasion des ouvriers, mais vous ne connaissez rien d’eux. J’ai vécu huit années de ma vie, jour et nuit, avec des ouvriers. Il m’est arrivé de partager leur table des années durant comme à Juby [8] où je suis demeuré deux années, seul pilote parmi des mécaniciens. Je sais très bien ce dont je parle, si je parle des ouvriers, et si je les aime. Mais vous n’avez connu, comme ouvriers, que les garçons de café de la place Pigalle [9]. C’est insuffisant. (...)

Ma nomination, en conséquence, ayant été simplement annulée, ne m’a jamais été notifiée. Les adresses ci-dessus permettront à vos argousins quelques promenades éducatives. 

Tout cela, cher ami, est à vomir. Vous remuez de bien pesantes montagnes pour écraser la puce qui vous a piqué au cours d’un dîner. 

Mais je profite de l’occasion pour me définir plus longuement, car il me plaît de m’exprimer ici. Vous me reprochez, en fait, André Breton, de n’avoir point causé de scandale. Le scandale m’est toujours apparu comme l’effet d’une vanité bruyante. Je ne me connais point de vanité. J’ai choisi comme arme, durant la guerre, la Grande Reconnaissance, parce que cette arme était plus dangereuse et moins spectaculaire que la chasse. Mais ce n’est point là le seul mobile de mon refus du scandale. Votre femme et votre fille sont assurées de vivre et vous ne vous sentez – m’avez-vous dit – aucune solidarité pratique, ni aucun lien spirituel avec la population de France. 

L’idée même d’une « France » vous fait bondir. Et il est vrai que je réagis ici autrement que vous. Votre point de vue, d’une rigidité de gendarme [13], vous contraint de déshonorer quiconque se préoccuperait en France du ravitaillement en pain des enfants et, pour agir, entretiendrait nécessairement des rapports avec le gouvernement de Vichy. Vous estimez, avec la rigueur de l’impunité du ventre, qu’un tel dévouement aux enfants serait marque d’ignominie. Que les enfants se débrouillent seuls pour découvrir des racines comestibles [14]

Au contraire de vous je pense que, faute d’être en mesure de fonder par magie un état du monde tel qu’on le souhaite, il convient de tenter de sauver ce qui reste d’un monde souhaitable. Si quelques braves types ont pensé que mon action sur la jeunesse (c’est ce dont il s’agissait) serait moins catastrophique que celle des partisans de Doriot, s’ils ont estimé que mon nom plairait aux jeunes, à cause de ma vie de pilote de ligne et non de littérateur, et que ce passé d’action, et non de politique, ne motiverait point de veto, je ne découvre dans leur démarche aucun motif pour les injurier. Connaissant parfaitement ce que je pense sur l’Homme et connaissant vaguement ce qu’en pense Doriot, cette initiative m’a simplement prouvé qu’il était là-bas quelques hommes, au moins, qui ne faisaient pas de surenchère sur les souhaits du Nazisme, et s’évertuaient à des sauvetages partiels. 

Je me résumerai très simplement. Je ne conçois pas à quel titre l’homme qui publie la photographie de Benjamin Péret insultant un prêtre se ferait tuer pour la liberté. Je ne conçois pas à quel titre l’homme qui a tenté d’humilier gravement M.A. par le récit public de ses maladies vénériennes se ferait tuer pour le respect de la dignité humaine.

Vous m’en apportez vous-même la preuve. Vous n’avez pas connu de Français qui acceptassent la mort. Or j’ai connu beaucoup de Français qui ont revendiqué le risque de mort, et sont morts. Je crois aux actes, non aux grands mots. Mes actes me prouvent tout simplement que mes amis valaient mieux que les vôtres.

Antoine de Saint-Exupéry

[4] Roger Vailland, dans Paris-Midi.

[5] En juin 1937, pour Paris-Soir.

[6] Voir Écrits de guerre, p. 216. L’expression « coran » signifiait « recueil de vérités inébranlables », comme « bible » ou toute autre expression.

[7] Publiée avant la guerre dans La Révolution surréaliste. 
Benjamin Péret, poète, membre du groupe surréaliste.


[8] Comme chef d’aéroplace de l’Aéropostale, au cap Juby, Rio de Oro (à 500 km au sud d’Agadir).

[9] André Breton habitait rue Fontaine.


[13] Le père d’André Breton était gendarme.

[14] La faim en France obsédait Saint-Exupéry « Je ne puis supporter d’être loin de ceux qui ont faim », écrira-t-il en reprenant du service, en 1943.

http://kiosquenet.free.fr/TEXTES/Antoine-de-Saint-Exupery-Lettre-a-Andre-Breton.html

http://gen.lib.rus.ec/fiction/?q=Antoine+de+Saint-Exupéry&criteria=&language=French&format=

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