jeudi 29 avril 2010
" Les pirates du vivant " documentaire de Marie-Monique Robin
Larry M. Proctor est un type futé. C’est par son entreprise de semences, Pod Ners, qu’il découvrit en 1994 au Mexique un haricot jaune très apprécié au Colorado. Il l’acheta, le planta dans son village, prétendit que c’était le produit de croisements spéciaux et lui donna le nom de son épouse, Enola. Le 15 octobre 1996, Proctor demanda à ce que soit breveté l’Enola beans (le haricot Enola, en anglais ça fait mieux !). Il fut donc enregistré aux Etats-Unis le 13 avril 1999. Personne ne s’avisa du processus opaque. Le haricot, avec tout son matériel génétique, était désormais propriété de Proctor. Son numéro de brevet, le 5.894.079, lui donnait des droits dessus pendant 20 ans.
Quelques années après, les entreprises mexicaines commencèrent à exporter aux Etats-Unis ce même haricot, à la différence que les Mexicains l’appelaient souffré ou mayocoba. Proctor exigea d’eux 0,6 dollars (0,38 €) pour chaque livre importée. C’était trop. Il coula les importations et garda le marché.
La biopiraterie, terme désignant le fait pour des entreprises de s’approprier cultures et remèdes utilisés depuis des siècles par les agriculteurs, fonctionne ainsi. Le problème n’est pas nouveau mais s’accroît. Les médicaments, en majorité, proviennent de plantes. Les firmes pharmaceutiques envoient donc leurs chercheurs dans de lointaines forêts à la recherche de remèdes à breveter. L’un des cas les plus connus est celui de la Rose Periwinkle de Madagascar, dont la multinationale Eli Lilly a tiré un médicament contre la leucémie, le vinchristine, qui lui rapporte des bénéfices particulièrement appréciables. ( ... )
Le cas devint emblématique et le bureau des brevets conclut que le haricot breveté était en réalité « une variété du haricot commun de la campagne Phaseolus vulgaris ». La décision de justice de 48 pages affirme que Proctor acheta au Mexique un paquet de graines déshydratées en 1994, qu’il les planta dans le Comté de Montrose et les laissa polliniser. Il obtint ainsi une couleur jaune uniforme et unique. Cette décision de justice présente une analyse au détail près de la génétique de la plante, de sa couleur, de sa forme, et conclut que si différence il y a, elles sont dues à des variations normales de culture liées au changement de sol et de climat, mais que cela n’implique pas que ce soit une nouvelle variété. ( ... )
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