On découvre aussi comment Monsanto a su inspirer, pour ne pas dire dicter, l’absence de réglementation sur les cultures transgéniques. Dans une étonnante convergence de points de vue entre industriels et dirigeants politiques américains, républicains et démocrates, le fulgurant développement attendu des biotechnologies et la suprématie américaine en la matière ne devaient en aucun cas être entravés par une réglementation tatillonne.
Disons-le d’emblée : le documentaire de Marie-Monique Robin sur Monsanto, leader mondial des OGM, est violemment à charge. Et c’est là son principal défaut. Il confortera dans leurs camps retranchés respectifs les pro- et les anti-OGM, les seconds stigmatisant la multinationale faisant son OPA sur les semences de la planète, les premiers dénonçant le caractère partial du film. On imagine d’ailleurs aisément que l’entreprise, experte en stratégie et communication, a sciemment refusé d’y participer pour mieux en dénoncer la crédibilité.
Il ne faudrait cependant surtout pas s’arrêter à cette critique. Car la journaliste a mené une enquête fouillée, s’est procuré des liasses de documents confidentiels et a rencontré aux États-Unis nombre de protagonistes de premier plan qui ont eu maille à partir avec Monsanto : scientifiques, personnalités politiques, membres d’ONG et surtout responsables des autorités chargées de la réglementation.
Se dévoile ainsi l’histoire de Monsanto qui, avant d’être une multinationale des biotechnologies, fut l’une des plus grandes entreprises chimiques prospérant avec la vente de produits hautement toxiques (PCB, dioxines, agent orange…) en masquant leurs effets délétères - on en apprend beaucoup plus sur le passé de Monsanto dans l’ouvrage que publie l’auteur (Ed. La Découverte).
On découvre aussi comment Monsanto a su inspirer, pour ne pas dire dicter, l’absence de réglementation sur les cultures transgéniques. Dans une étonnante convergence de points de vue entre industriels et dirigeants politiques américains, républicains et démocrates, le fulgurant développement attendu des biotechnologies et la suprématie américaine en la matière ne devaient en aucun cas être entravés par une réglementation tatillonne. Les autorités réglementaires s’employèrent avec zèle à exaucer ce voeu et à tenter d’imposer les OGM sur la planète.
Gerard Ponthieu
Combat Monsanto
À la formulation d’une hypothèse classique selon laquelle les biotechnologies végétales constitueraient, pour l’entreprise américaine Monsanto, un choix stratégique en faveur de la biologie la repositionnant par rapport à la chimie, son métier d’origine, le film préfère prêter à Monsanto l’intention de « contrôler la nourriture » et les « populations du monde ». L’objet du reportage est de documenter cette opinion, mais force est de constater qu’il est truffé d’allégations pseudo-scientifiques. Comme la plupart des personnes convaincues par avance du caractère néfaste des OGM tout comme des motivations des entreprises biotechnologiques, la réalisatrice, non outillée pour faire le tri entre le vrai et le faux sur le plan scientifique, ne se montre ainsi perméable qu’aux seuls arguments allant dans le sens de ses a priori et expose aux téléspectateurs l’image d’un monde binaire, avec des bons et des méchants.
Marcel Kuntz, 3 mars 2008
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