lundi 9 juin 2008

Rwanda



Si le juge français s’était rendu en commission rogatoire sur le terrain, il aurait découvert que la colline de Massaka se trouve dans le prolongement de la piste de l’aéroport et du camp militaire de Kanombe, et qu’elle était à l’époque un fief de la garde présidentielle de Habyarimana, composée des « durs » du régime. 

Sur place, des témoins lui auraient signalé qu’au moment des faits, sur les quelques kilomètres séparant le Parlement du lieu présumé du tir, pas moins de sept barrages avaient été érigés, où cette garde présidentielle, en situation d’alerte maximale, contrôlait sévèrement l’identité des passants et fouillait les véhicules. Comment des Tutsis, physiquement fort reconnaissables, auraient-ils pu tout d’abord quitter sans encombre l’enceinte du Parlement rwandais, gardée par les casques bleus de la Mission des Nations unies pour l’assistance au Rwanda (Minuar), puis franchir tous les postes de contrôle tenus par leurs pires ennemis ? 

A supposer qu’ils soient arrivés vivants à Massaka, ils auraient alors dû se dissimuler entre l’orphelinat Sainte-Agathe – qui abritait des protégés de l’épouse du président et qui était défendu par la garde présidentielle – et le lieu-dit La Ferme, un domaine appartenant également au chef de l’Etat où seuls avaient accès la garde présidentielle et des militaires français. Les deux voies d’accès à Massaka (la route Kigali-Kibungo et une voie adjacente), hérissées de points de contrôle, longeaient toutes deux des marécages infranchissables en voiture.

http://www.monde-diplomatique.fr/2007/01/BRAECKMAN/14367

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