samedi 23 mai 2015

" Tâche de sélection de Wason "


La tâche de sélection a été développée par le psychologue cognitiviste Peter Wason durant les années 1960. Dans la version standard de la tâche de Wason, la question posée peut s'énoncer comme suit :


« Quatre cartes comportant un chiffre sur une face et une lettre sur l'autre, sont disposées à plat sur une table. Une seule face de chaque carte est visible. Les faces visibles sont les suivantes : D, 7, 5, K. Quelle(s) carte(s) devez-vous retourner pour déterminer la véracité de la règle suivante : Si une carte a un D sur une face, alors elle porte un 5 sur l'autre face. Il ne faut pas retourner de carte inutilement, ni oublier d'en retourner une. »

La réponse correcte à cette épreuve consiste à retourner deux cartes: celle portant la lettre D visible et l'autre montrant le numéro 7 visible. En effet, s'il n'y a pas de 5 au dos du D alors la carte ne respecte pas la règle. Et si au dos de la carte 7 il y a un D, celle-ci ne respecte pas la règle. Il est parfaitement inutile de retourner les deux autres cartes, car elles ne sont d'aucun intérêt pour répondre à la question initiale : soit la troisième, portant un 5, a un D de l'autre coté et respecte bien la règle.. soit elle a un K, et ce n'est pas une carte D. La dernière, portant un K, n'est dès le départ pas conforme à l'énoncé de la question à résoudre.

Beaucoup de gens se trompent à cette tâche (environ 80 % ). La plupart choisit correctement la carte D, une partie oublie la carte 7 et un grand nombre choisissent la carte 5. Or, soit cette dernière carte porte un D sur l'autre face (auquel cas elle respecte la règle), soit cette même carte porte une lettre autre que D et dans ce cas, elle vérifie aussi la règle (car la règle ne dit rien sur les cartes portant une lettre autre que D). De même, la carte portant un K (qui n'est en général pas choisie) ne peut pas invalider la règle (qui ne dit rien sur les cartes portant une lettre autre que D).
L'erreur la plus courante, à savoir retourner la carte 5, et oublier la carte 7, révèle deux biais cognitifs :
  • un biais de vérification, qui consiste à chercher davantage une vérification qu'une réfutation de la règle ;
  • un biais d'appariement, qui consiste à se focaliser sur les items cités dans l'énoncé.

La tâche de sélection de Wason (ou tâche à quatre cartes de Wason) est un casse-tête logique qui nécessite, pour être résolu, de maîtriser le modus ponens et le modus tollens, deux notions du raisonnement logiques liées à l'implication. Lorsqu'ils sont confrontés à cette épreuve, pourtant simple, les gens commettent, en moyenne, un certain nombre d'erreurs de raisonnement.

 Or ces erreurs tendent à disparaître sous certaines conditions, notamment lorsque la question est formulée avec un contenu concret impliquant une norme, c'est-à-dire lorsqu'il s'agit d'un énoncé faisant appel à la logique déontique et non un simple énoncé descriptif. L'interprétation des effets obtenus avec les différentes versions de la tâche de Wason a généré un important débat en psychologie du raisonnement depuis les années 1960. 

Certains psychologues évolutionnistes y voient un argument en faveur de l'idée d'un module spécialisé dans la « détection de tricheur » ou de « passager clandestin ». Pour d'autres (Dan Sperber), ces effets ne sont dus qu'à des intuitions pertinentes, liées au contexte, que les personnes interrogées parviennent à se faire de l'énoncé.