mercredi 29 juillet 2009
Génie civil : Projets de "Terrassement Nucléaire" ( 1957 à 1987 )
L' application des explosions nucléaires à la construction des ports sur côte abrupte a été annoncée le 6 mars 1958 par le Dr W. F.Libby, président intérimaire de l' Atomic Energy Commission. Une mission a recherché l' été dernier l' emplacement le plus favorable pour un port pétrolier et minier en Alaska, au nord du cercle Arctique, entre le cap Seppings et le cap Thompson.
L' exécution est actuellement prévue au moyen de quatre explosions nucléaires laissant une profondeur minimum de 90 m. D' après le Dr Brown, l' un des codirecteur du projet, le prix de revient ne dépasserait pas le dixième de celui d' un port construit par les méthodes de terrassement ordinaires (...)
Science et Vie
Les États-Unis programmèrent donc l’opération « Plowshare » (soc de charrue) dont le nom fait référence au texte du prophète Isaïe : « De leurs épées, ils forgeront des socs de charrues. » Sous de telles auspices « religieuses », une quarantaine d’explosions « civiles » ont eu lieu aux États-Unis à partir de 1957. Ainsi, un tir souterrain effectué à Gasbuggy le 10 décembre 1967 a permis de montrer qu’il était possible de « stimuler » l’extraction de gaz naturel. Cette opération a été payée pour un tiers par une société privée El Paso Natural Gaz. Cette dernière compagnie s’est associée au groupe Nobel français pour former la société « Geonuclear Nobel Paso » qui se propose d’organiser des essais nucléaires à des fins industrielles hors des États-Unis.
De son côté, la Russie aurait effectué 108 essais nucléaires souterrains «pacifiques» sur plus de vingt ans entre 1965 et 1987. Selon les relevés de tirs souterrains, 77 de ces explosions nucléaires «pacifiques» ont été effectuées en dehors des sites d’essais sur l’ensemble du territoire de l’Union soviétique. L’objectif de ces tirs était le percement de canaux, la création de réserves souterraines de gaz, l’optimisation de l’exploitation pétrolière…
"Sortir du nucléaire"
jeudi 23 juillet 2009
" Lettres à un jeune poète " par Rainer-Maria Rilke ( 1903 - 1908 )
Les enfants sont toujours comme l’enfant que vous fûtes : tristes et heureux ;
et si vous pensez à votre enfance, vous revivez parmi eux, parmi les enfants secrets.
Les grandes personnes ne sont rien, leur dignité ne répond à rien.
Une seule chose est nécessaire : la solitude. La grande solitude intérieure. Aller en soi-même, et ne rencontrer durant des heures personne, c’est à cela qu’il faut parvenir. Être seul comme l’enfant et seul quand les grandes personnes vont et viennent, mêlées à des choses qui semblent grandes à l’enfant et importantes du seul fait que les grandes personnes s'en affairent et que l’enfant ne comprend rien à ce qu’elles font.
Le jour où l’on voit que leurs soucis sont misérables, leurs métiers refroidis et sans rapports avec la vie, comment alors ne pas continuer de les regarder, ainsi que fait l’enfant, comme chose étrangère, du fond de son propre monde, de sa grande solitude qui est elle-même travail, rang et métier ? Pourquoi vouloir échanger le sage ne-pas-comprendre de l’enfant contre lutte et mépris, puisque ne pas comprendre c’est accepter d’être seul, et que lutte et mépris ce sont des façons de prendre part aux choses mêmes que l’on veut ignorer ? (...)
Et même si, loin de tout métier, vous aviez cherché à créer entre vous et la société des rapports souples et libres, ce sentiment d’oppression ne vous aurait pas été épargné. Il en va partout ainsi, mais ce n’est pas une raison d’être inquiet ou triste. S’il n’est pas de communion entre les hommes et vous, essayez d’être près des choses : elles ne vous abandonneront pas. Il y a encore des nuits, il y a encore des vents qui agitent les arbres et courent sur les pays.
Dans le monde des choses et dans celui des bêtes, tout est plein d’événements auxquels vous pouvez prendre part. Les enfants sont toujours comme l’enfant que vous fûtes : tristes et heureux ; et si vous pensez à votre enfance, vous revivez parmi eux, parmi les enfants secrets. Les grandes personnes ne sont rien, leur dignité ne répond à rien.
http://beq.ebooksgratuits.com/classiques/Rilke_Lettres_a_un_jeune_poete.pdf
Il faut avoir des souvenirs de beaucoup de nuits d’amour, dont aucune ne ressemblait à l’autre, de cris de femmes hurlant en mal d’enfant, et de légères, de blanches, de dormantes accouchées qui se refermaient. Il faut encore avoir été auprès de mourants, être resté assis auprès de morts, dans la chambre, avec la fenêtre ouverte et les bruits qui venaient par à-coups. Et il ne suffit même pas d’avoir des souvenirs. Il faut savoir les oublier quand ils sont nombreux, et il faut avoir la grande patience d’attendre qu’ils reviennent.
Car les souvenirs eux-mêmes ne sont pas encore cela. Ce n’est que lorsqu’ils deviennent en nous sang, regard, geste, lorsqu’ils n’ont plus de nom et ne se distinguent plus de nous, ce n’est qu’alors qu’il peut arriver qu’en une heure très rare, du milieu d’eux, se lève le premier mot d’un vers.
Les Cahiers de Malte Laurids Brigge
Une seule chose est nécessaire : la solitude. La grande solitude intérieure. Aller en soi-même, et ne rencontrer durant des heures personne, c’est à cela qu’il faut parvenir. Être seul comme l’enfant et seul quand les grandes personnes vont et viennent, mêlées à des choses qui semblent grandes à l’enfant et importantes du seul fait que les grandes personnes s'en affairent et que l’enfant ne comprend rien à ce qu’elles font.
Le jour où l’on voit que leurs soucis sont misérables, leurs métiers refroidis et sans rapports avec la vie, comment alors ne pas continuer de les regarder, ainsi que fait l’enfant, comme chose étrangère, du fond de son propre monde, de sa grande solitude qui est elle-même travail, rang et métier ? Pourquoi vouloir échanger le sage ne-pas-comprendre de l’enfant contre lutte et mépris, puisque ne pas comprendre c’est accepter d’être seul, et que lutte et mépris ce sont des façons de prendre part aux choses mêmes que l’on veut ignorer ? (...)
Et même si, loin de tout métier, vous aviez cherché à créer entre vous et la société des rapports souples et libres, ce sentiment d’oppression ne vous aurait pas été épargné. Il en va partout ainsi, mais ce n’est pas une raison d’être inquiet ou triste. S’il n’est pas de communion entre les hommes et vous, essayez d’être près des choses : elles ne vous abandonneront pas. Il y a encore des nuits, il y a encore des vents qui agitent les arbres et courent sur les pays.
Dans le monde des choses et dans celui des bêtes, tout est plein d’événements auxquels vous pouvez prendre part. Les enfants sont toujours comme l’enfant que vous fûtes : tristes et heureux ; et si vous pensez à votre enfance, vous revivez parmi eux, parmi les enfants secrets. Les grandes personnes ne sont rien, leur dignité ne répond à rien.
http://beq.ebooksgratuits.com/classiques/Rilke_Lettres_a_un_jeune_poete.pdf
Il faut avoir des souvenirs de beaucoup de nuits d’amour, dont aucune ne ressemblait à l’autre, de cris de femmes hurlant en mal d’enfant, et de légères, de blanches, de dormantes accouchées qui se refermaient. Il faut encore avoir été auprès de mourants, être resté assis auprès de morts, dans la chambre, avec la fenêtre ouverte et les bruits qui venaient par à-coups. Et il ne suffit même pas d’avoir des souvenirs. Il faut savoir les oublier quand ils sont nombreux, et il faut avoir la grande patience d’attendre qu’ils reviennent.
Car les souvenirs eux-mêmes ne sont pas encore cela. Ce n’est que lorsqu’ils deviennent en nous sang, regard, geste, lorsqu’ils n’ont plus de nom et ne se distinguent plus de nous, ce n’est qu’alors qu’il peut arriver qu’en une heure très rare, du milieu d’eux, se lève le premier mot d’un vers.
Les Cahiers de Malte Laurids Brigge
samedi 11 juillet 2009
La « monnaie « fondante » ou « monnaie franche »
Au 1er janvier 1933, Wôrgl avait une nouvelle piste de ski (tremplin) et une piscine... Un nouveau pont en ciment armé portait l’inscription : « Construit en 1933 avec de l’argent libre ».
Déjà plusieurs communes voisines allaient être admises par Wôrgl dans le système. C’est alors qu’une plainte contre le maire de Wôrgl fut déposée à la Cour suprême de Vienne...
Silvio Gesell, un Belgo - Allemand, avait fait une rapide fortune en Argentine à la fin du XIXe siècle. Revenu au pays, il étudia à fond les problèmes des monnaies, assujetties ou non à perception d’intérêt par leurs émetteurs. Avant la guerre de 14, il conçut son maître livre, L’Ordre Économique Naturel. Il y posait les bases de la Monnaie Franche qui n’est pas vraiment une monnaie puisqu’il n’y a aucun intérêt à la thésauriser.
Cette monnaie, pour tourner plus vite et fertiliser au mieux le corps économique, perdait 1 % de son montant, à date mensuelle fixe ; perte qu’il fallait compenser par un timbre de 1 % collé sur le dos du billet pour qu’il puisse circuler.
Cette accélération (d’un facteur 4 à un facteur 8... ) était due, selon Fischer, à l’effet psychologique de la perte à éviter (par l’acheteur).
Utilisée 20 fois (dont 3 en France) lors des grandes crises économiques, elle permit des métamorphoses incroyables :
- À Wôrgl (Autriche, 1932-33), elle résorba en 11 mois un chômage au taux de 60 %.
- En 1956, à Lignières-en-Berry (France), elle ressuscita en un an une petite ville ruinée par la désertification des campagnes, comme le relate Science et vie n° 488, et l’utilisation des « bons d’achat » émis par le Maire fut ensuite interdite par De Gaulle.
- Mêmes effets à Marans (France) en 1957-58.
- Et à Porto Alegre (Brésil) en 58.
- En 33-34, aux USA, bien qu’elle ait été utilisée très maladroitement (selon L. Fischer, qui avait étudié de près ses procédures en Europe), elle créa des redressements inespérés dans 14 villes. Le Congrès s’apprêtait à la légaliser quand le projet de « New Deal » de Roosevelt fit tout stopper.
Le « miracle monétaire » de Wôrgl
La commune autrichienne de Wôrgl était une petite ville industrielle. En 1932, elle comptait 4300 habitants, dont 1500 étaient chômeurs (60 %).Les impôts ne rentraient pas et la situation financière de la ville était désastreuse. Voulant mettre fin à ce marasme, le bourgmestre avait suivi avec intérêt l’expérience de Schwanenkirchen. Pour vaincre les difficultés de trésorerie de son administration, il décida de se servir de la « monnaie franche ».
Certains commerçants de Wôrgl, tout comme à Schwanenkirchen, refusèrent au début d’accepter cette monnaie qui avait une trop grande ressemblance avec la monnaie légale ; mais quand ils se rendirent compte de l’intensité de la circulation et constatèrent que les employés et ouvriers municipaux achetaient dans les boutiques qui acceptaient cette monnaie auxiliaire, l’esprit de concurrence reprit bien vite le dessus et ils suivirent l’exemple des autres...
Or, après l’introduction de la « monnaie franche », non seulement les impôts courants furent payés, mais la ville réussit à solder tous ses arriérés, elle put faire exécuter, dans le deuxième semestre 1932, 100.000 schillings de travaux : sept routes neuves, sept km d’asphaltage ; douze nouvelles rues furent projetées... On étendit le système de canalisations. On planta des arbres, on reboisa la forêt... La vie économique prit une intensité incroyable... Et il y eut du travail pour tous !
Les banques profitaient également de cette activité retrouvée.
Au 1er janvier 1933, Wôrgl avait une nouvelle piste de ski (tremplin) et une piscine... Un nouveau pont en ciment armé portait l’inscription : « Construit en 1933 avec de l’argent libre ».
Déjà plusieurs communes voisines allaient être admises par Wôrgl dans le système. C’est alors qu’une plainte contre le maire de Wôrgl fut déposée à la Cour suprême de Vienne... Le Conseil municipal contre-attaqua en prouvant :
- que la commune avait pu payer tous ses arrérages sur les impôts (120.000 schillings),
- qu’elle avait réussi à exécuter bon nombre de travaux publics de première nécessité,
- que le chômage avait été complètement résorbé,
- que l’économiste américain, le professeur Irving Fisher, de l’Université de Yale, avait envoyé en décembre 1932 une commission pour étudier cette expérience,
- qu’il ne s’agissait que d’une « monnaie auxiliaire » et non d’une monnaie véritable.
Rien n’y fit ! De procès en procès, la Banque d’Autriche plaida l’atteinte à son privilège d’émission par cette monnaie « hérétique » (sic). La commune fut obligée de retirer ces « bons »...
La manière dont le tribunal a débouté Wôrgl de son recours montre qu’elle reconnaissait les effets très positifs de cette expérience, qui avait conduit à une reprise économique rapide, mais qu’elle refusait de la laisser poursuivre, renvoyant de ce fait les citoyens à la misère.
wiki.societal
Silvio Gesell
L'ordre économique naturel
samedi 4 juillet 2009
"Ces études qui attaquent la télévision"
Elle ne lasse pas. Pire, elle intoxique. Elle enchaîne les foyers, colonise les pensées quotidiennes, s'implante dans les espaces publics, après avoir déjà largement modifié l'espace social et familial. Constat global de ces études : la télévision affaiblit la capacité d'attention, engendre un état d'hypnose sous couvert de relaxation, elle se passe de l'activité intelligente, critique, l'altère même, mettant les neurones au repos. (...)
Le neurologue américain Thomas Mulholland, montre, lui, sur la base d'électroencéphalogrammes (EEG), que la télévision plonge dans un état de somnolence, de léthargie du cerveau. Du fait de la suspension d'activité du cerveau, celui-ci est mis, face aux images projetées, dans un état d'hypnose. Contrairement à son hypothèse de départ, qui était de considérer que le cerveau était en état d'activité face à la télévision (ce qui aurait dessiné des ondes bêta sur l'EEG), l'EEG dessine des ondes alpha. Ces ondes sont celles que l'on observe lorsque l'être humain ne fait rien. Moins le cerveau travaille, plus il produit des ondes alpha. En revanche, lorsque l'on fixe son attention, il n'y a plus d'ondes alpha. Un pas de plus est franchi, la télévision provoque un état de somnolence proche de celui de l'hypnose. (...)
Des études faites sur des tout-petits montrent le danger de placer de façon répétée un bébé face aux images qui bougent sur l'écran. La plus importante de ces études est celle publiée en 2007 dans la revue américaine «Pediatrics» par deux chercheurs de l'université de Washington (Seattle), Dimitri Christakis et Frederick Zimmerman. Sur un panel de 3300 familles, elle révèle que l'exposition à la télévision avant 3 ans engendre quelques années plus tard des troubles de l'attention définis dans la nosographie américaine comme ceux du «deficit attention disorder» (TDAH. Cf. les troubles du déficit d'attention avec ou sans hyperactivité stigmatisés notamment dans les écoles). L'étude confirmait l'hypothèse selon laquelle la consommation audiovisuelle précoce engendre une modification de la synaptogenèse, c'est-à-dire de la formation du cerveau infantile et de son appareil psychique.(...)
Revenons aux adultes. Si la télévision est dangereuse pour les enfants, elle l'est aussi pour les adultes, bien au-delà du conditionnement publicitaire. Divertie ou trompée – que d'erreurs, d'errements, de non-vérités, de fuites au journal télévisé et ailleurs –, la masse sociale se détourne des enjeux du politique et entre dans le monde de la fiction, une fiction dont la ressemblance avec la réalité sera d'ailleurs un atout de crédibilité. La télévision est avant tout un remède au mal-être, peu cher et mal connu, qui ressemble aux drogues… La conversation autour des séries télévisées ou des fictions est associée à un sentiment d'évasion mais aussi de dégoût de soi. Cet arrière-monde télévisuel est proche d'une toxicomanie. Et celle-ci se trahit comme pour toute addiction par le dégoût qui s'associe au geste de s'installer devant son téléviseur et de disposer son esprit à ingurgiter des émissions sans distinction. Créant une illusion de satisfaction et un monde parallèle, elle agit aussi au détriment de l'implication de chacun dans la réalité sociale et politique. Au détriment, pour un certain nombre d'entre nous, des liens de famille qui ne résistent pas à la fascination et au dérivatif fournie par la télévision, qui crée comme un manque addictif. Mais aussi au détriment, pour une majorité «silencieuse» de leur implication dans des luttes et des combats de société.(...)
Louise A. Renard
Ars Industrialis
mediapart
Le mystère de la spectaculaire étude sur les enfants et la télé
Au début janvier, l’Inspecteur viral du journal Métro proposait dix questions pour débusquer les articles scientifiques bidons. La mystérieuse image sur les enfants et la télé ne passe malheureusement pas le test.